« Dans les cinq prochaines années, nos modes de financement vont être de plus en plus contraints et nous risquons de nous retrouver dans des schémas semblables à ceux qu'a connus le secteur industriel. » C'est un discours plutôt alarmiste sur les secteurs sanitaire, social et médico- social que Yolande Briand, secrétaire générale de la CFDT Santé-sociaux (1), a tenu le 14 septembre, lors du meeting de rentrée de l'organisation syndicale sur le thème « le travail en question dans la santé et le social ».
Les décrets d'application de la loi du 2 janvier 2002, sur laquelle on l'avait jusque-là peu entendue, lui fait craindre une généralisation aux établissements sociaux et médico-sociaux de la tarification à l'activité, qui met déjà le secteur sanitaire en émoi. « On peut supposer qu'il y aura de plus en plus de corrélation entre l'activité réelle des établissements et les financements », explique Yolande Briand. D'où des conséquences directes sur les moyens de travail, dans un contexte de réduction budgétaire et de rationalisation des dépenses. Et une aggravation de la situation des professionnels : « Le plus à craindre pour les travailleurs sociaux est, en même temps que l'intensification de leur activité, une perte de sens et d'identité », ajoute Yolande Briand, qui dénonce également le manque de « ligne directrice politique » pour le secteur depuis les premières lois sur la décentralisation, et particulièrement aujourd'hui pour la prise en charge de la dépendance.
L'objectif du meeting de rentrée de la CFDT Santé-sociaux, à la veille de son bureau fédéral, était de « trouver des leviers d'action pour humaniser le travail alors que l'on est en train de revivre les plus beaux jours du taylorisme ». A côté de ces mots d'ordre offensifs, le syndicat propose plus prosaïquement que chaque branche, au moment où se négocie l'application dans le secteur de la loi sur la formation professionnelle, travaille simultanément sur les dossiers de la formation, de la gestion prévisionnelle des emplois et de l'organisation du travail. Pour éviter que les salariés « ne fassent les frais des mutations qui sont à l'œuvre ».
(1) CFDT Santé-sociaux : 47/49, avenue Simon-Bolivar - 75950 Paris cedex 19 - Tél. 01 56 41 52 00.