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La lutte contre la violence est une priorité sanitaire, selon le Haut Comité de la santé publique

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« Considérée comme inhérente à la condition humaine, la violence relevait jusqu'à présent du seul système pénal, le secteur sanitaire se limitant à soigner les victimes. » Or ce « phénomène majeur » constitue « l'une des principales causes de mortalité prématurée, un facteur de risque de maladies mentales les plus fréquentes, une menace sur la cohésion sociale ». Autant de données qui amènent à considérer la lutte contre la violence comme « une priorité de santé publique ». Cette idée, développée par l'Organisation mondiale de la santé (1), le Haut Comité de la santé publique la reprend pleinement à son compte, comme en témoigne un rapport remis en mai dernier au ministère de la Santé et qui vient d'être publié (2).

Ayant choisi d'analyser le phénomène à partir des enquêtes disponibles concernant les victimes, le comité passe successivement en revue les violences familiales à l'encontre des femmes et des enfants, les violences des adolescents et celles qui s'exercent envers les personnes âgées, les violences routières, celles qui sont constatées dans les lieux de travail et de soins, enfin ce que l'on sait des suicides et des comportements à risques. Il rappelle les préconisations et les mesures déjà intervenues dans ces différents domaines, et les synthétise en quatre recommandations.

Comme on ne peut s'attaquer qu'à ce que l'on a nommé et cerné, le premier souhait porte sur le développement de la connaissance épidémiologique du phénomène et de ses déterminants. Aux études sur la population générale devraient s'ajouter des investigations particulières sur des catégories comme les enfants, les personnes âgées ou les personnes vivant en institution, ou encore sur les liens entre certaines formes de violence et les pathologies. La rapport cite par exemple les conséquences de l'organisation du travail sur la santé mentale.

Autre orientation : faciliter le repérage des situations de violence. L'exercice « demeure délicat », soit parce que les victimes elles-mêmes taisent la situation (c'est souvent le cas pour les violences conjugales) ou sont incapables de la contester (jeunes enfants, personnes dépendantes), soit parce que les témoins directs craignent de la dénoncer (les familles qui n'ont pas d'institution de rechange, les collègues de certains professionnels...), soit encore par manque de formation des interlocuteurs habituels, incapables de déchiffrer certains symptômes ou mal informés des réseaux qui pourraient prendre le relais. Le comité demande notamment l'extension des services téléphoniques avec numéros d'appel gratuits. Il préconise aussi que des psychologues et des médecins soient associés à la communauté éducative pour l'aider à analyser et à traiter les violences constatées en milieu scolaire, à repérer les élèves en souffrance psychique et à dépister les jeunes à risque suicidaire.

Troisième recommandation : améliorer l'accompagnement des victimes aussi bien que le suivi des auteurs de violence. Ce qui suppose, souligne le comité, un travail en réseau entre les acteurs sociaux et médicaux mais aussi avec ceux de la justice et des collectivités locales, ainsi qu'une organisation et un financement de cette concertation. Un médiateur, ou une « personne- relais », devrait alors être désigné dans le réseau pour assurer une aide de longue durée et un suivi de sécurité.

Ultime préconisation : l'organisation d'une prévention adaptée. Le comité demande en particulier que chaque tentative de suicide soit suivie, après la réanimation physiologique, d'une « réanimation psychologique » pour éviter les fréquentes récidives. Il plaide aussi pour la mise en place systématique d'un bilan psychologique et d'un accompagnement du milieu familial lors de la première grossesse. Il propose également de baisser à 0,2 g/l le seuil d'alcoolémie au volant et de refuser le permis de conduire aux personnes dépendantes de substances à action psychotrope. Il réclame enfin un meilleur contrôle des armes à feu.

« La violence n'est pas une fatalité. La recherche de solutions en termes de traitement et de prévention n'en est qu'à ses débuts », estime le rapport qui insiste sur deux conditions pour avancer : un travail résolument interministériel qui accepte les différences d'approche et l'amélioration de la formation des acteurs en première ligne, qu'ils soient policiers, médecins généralistes, personnels éducatifs ou travailleurs sociaux.

Notes

(1)  Dans un rapport intitulé La violence et la santé publié en 2002.

(2)  Violences et santé - Rapport du Haut Comité de la santé publique - Disponible sur www.ladocumentationfrancaise.fr. La commande avait été passée pour alimenter la réflexion sur la loi relative à la santé publique. Voir ce numéro.

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