En raison de départs massifs à la retraite dans les prochaines années, mais aussi de l'augmentation prévisible du nombre de structures d'accueil, le marché de l'emploi promet d'être florissant pour les éducateurs de jeunes enfants (EJE) fraîchement diplômés. C'est la conclusion de l'enquête sur l'insertion de ces professionnels diplômés en 2001 et 2002 qu'a menée en 2003 l'Association française des organismes de formation et de recherche en travail social (Aforts) (1). Laquelle plaide, du coup, pour le « maintien du quota d'étudiants en formation, sinon son accroissement, corrigé de variations régionales ». Le constat sonne presque comme un avertissement pour les régions qui devront assumer, à compter de 2005, l'organisation et le financement de la formation des travailleurs sociaux.
Selon l'étude, la plupart des EJE nouvellement diplômés ont décroché un emploi dans les six mois (93 % pour les promotions de 2001, 96, 6 % pour celles de 2002). Si, pour plus de la moitié de ceux sortis en 2002, le premier emploi est un contrat à durée déterminée (plus 10 % de 1997 à 2002), il constitue un « marchepied vers un emploi plus stable », puisque la période d'entrée des nouveaux diplômés sur le marché du travail (janvier) est peu propice à l'embauche (2). Pour l'Aforts, cette réalité est un argument de plus pour revendiquer une formation en trois années pleines, qui aurait l'avantage de faire sortir les étudiants des écoles avant septembre. La direction générale de l'action sociale a assuré aux centres de formation et à la Fédération nationale des éducateurs de jeunes enfants (FNEJE) qu'ils devraient obtenir gain de cause sur ce point dans le cadre de la réforme du diplôme, attendue pour septembre 2005. Cette modification pourrait au passage permettre l'intégration du métier dans la filière socio- éducative de la fonction publique.
Reste que la proportion d'emplois en CDD pour les personnes diplômées depuis presque un an et demi s'avère tout de même élevée (41,5 %). Ce qui peut s'expliquer, selon l'organisation, par les conséquences des incertitudes budgé- taires auxquelles les gestionnaires sont confrontés, par le caractère inéluctable de ce statut pour le « futur titulaire de la fonction publique territoriale » ou encore par une « situation banale sur un pré carré féminin, où abondent congés de maternité et congés parentaux d'éducation ».
Autre constat : le taux des EJE diplômés en 2002 occupant en 2003 un poste d'encadrement (directeur, directeur adjoint ou chef de service) atteint 13 %, contre 9 % pour les promus de 2001. Cette augmentation pourrait bien être la conséquence de deux phénomènes :la création de nombreuses structures et l'application du décret du 1er août 2000 relatif aux établissements et services d'accueil des enfants de moins de 6 ans, qui reconnaît aux EJE la possibilité d'accéder aux postes de direction dans certains établissements (3).
La fonction publique reste l'employeur principal des EJE, même si les entreprises privées opèrent « une discrète percée » (4,3 %) dans l'emploi des diplômés de 2002.67,5 % des professionnels sortis de formation en 2001 et 2002 exercent dans les crèches, les haltes-garderies et les structures « multi-accueil », mais tout de même 7,2 % sont employés par des maisons d'enfants à caractère social ou des foyers, 2,6 % par des établissements pour l'enfance inadaptée, 0,9 % par des centres d'hébergement et de réinsertion sociale, 0,9 %par des centres médico-sociaux... Selon l'étude, ces recrutements par les établissements accueillant des enfants en difficulté peuvent témoigner à la fois de la « pénurie chronique » d'éducateurs spécialisés diplômés et de la reconnaissance des compétences des EJE par « un milieu en charge d'enfants malmenés ». Ce qui va également dans le sens des revendications des professionnels, qui réclament le développement de passerelles avec les autres métiers du secteur.
M. LB.
(1) Enquête sur l'insertion professionnelle des éducateurs de jeunes enfants diplômés en 2001 et 2002 - Aforts : 1, cité Bergère - 75009 Paris - Tél. 01 53 34 14 74 - Disponible sur
(2) La formation des EJE dure 27 mois.
(3) Voir ASH n° 2347 du 20-02-04.