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Une vie sous contraintes

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Travailler et vivre sous le seuil de pauvreté : telle est la situation, paradoxale, dont des milliers de personnes sont contraintes de s'accommoder. Elle nécessite, au quotidien, beaucoup d'efforts et une grande ingéniosité tant les multiples difficultés nées de l'impécuniosité s'enchevêtrent, concourant à entraver l'entrée et le maintien dans l'emploi.

« Travailleurs pauvres », un oxymore, figure de style associant deux mots opposés pour créer une image surprenante. La réalité ainsi désignée n'est pas seulement surprenante, elle est aussi consternante. C'est celle que connaissent - au bas mot - 1 046 000 personnes qui exercent une activité professionnelle et vivent, pourtant, en dessous du seuil de pauvreté.

Selon la définition de l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), il s'agit d'actifs qui ont été présents sur le marché du travail (en emploi ou au chômage) plus de six mois dans l'année et ont effectivement travaillé au minimum pendant un mois au cours des douze derniers. A ces travailleurs pauvres proprement dits, il convient d'ajouter toutes les personnes - adultes et enfants (1) - qui partagent leur vie puisque l'INSEE apprécie la pauvreté au niveau du ménage.

Une pauvreté  hétérogène

Dans l'Hexagone, l'existence des travailleurs pauvres est longtemps restée entourée d'un silence éloquent. Bien sûr,  outre-Atlantique, où la notion a été forgée au début des années 70, « ils ont comprimé le chômage à coup de mauvais emplois - ces “bad jobs” qui offrent un salaire de misère pour un emploi précaire et déqualifié. Mais en France, non, pas de ça chez nous », ironise Margaret Maruani, directrice de recherche au CNRS (2). Pourtant, aussi choquante que soit l'idée de pauvreté issue du travail, il a fallu se rendre à l'évidence : il existe bel et bien une version française des working poor américains, engendrée par la précarisation croissante du marché du travail (3).

C'est à partir de 1996, date à laquelle les enquêtes « Emploi » et « Revenus fiscaux » de l'INSEE ont été appariées, que l'existence de ce nouveau « Lumpenproletariat » a été mise en lumière. Plus ou moins confusément d'ailleurs, faute de consensus sur l'acception exacte de la formule (4). Il faut dire que, même à s'en tenir à la définition stricte de l'INSEE, les travailleurs pauvres constituent une population très hétérogène. Environ un cinquième d'entre eux sont des indépendants- principalement des agriculteurs et des aides familiaux vivant dans le monde agricole - et 80 % des salariés, explique Pierre Concialdi, chercheur à l'Institut de recherches économiques et sociales (IRES)   (5). Parmi ces derniers, du contrat à durée indéterminée (CDI) à temps complet aux situations les plus fragiles, le taux de pauvreté s'accroît avec la précarité des contrats de travail et les alternances entre chômage et emploi. Il n'empêche :indépendants ou salariés, plus de 60 % des travailleurs pauvres ont travaillé toute l'année. Les titulaires d'un emploi stable sont donc loin d'être épargnés par la pauvreté.

La catégorie de travailleurs pauvres recouvre des situations d'autant plus diverses que la pauvreté est appréhendée au niveau du ménage. Elle ne résulte donc pas uniquement de la faiblesse de la rémunération tirée de l'activité (et, le cas échéant, des indemnités de chômage). Elle se combine avec d'autres apports (prestations sociales, revenus du patrimoine) et des facteurs familiaux (taille du ménage, nombre de personnes apportant des ressources). Ce qui explique que 60 % des travailleurs pauvres au sens de l'INSEE- c'est-à-dire 60 % des actifs appartenant à un ménage dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté - sont des hommes. Alors que près de 80 % des travailleurs « à bas salaire » (rémunération inférieure au SMIC mensuel à temps complet) sont des femmes, parmi lesquelles plus de quatre sur dix gagnent moins de 75 % du SMIC (6).

Autrement dit, en écartant de la catégorie des travailleurs pauvres un grand nombre de sous-smicardes, le fait de raisonner au niveau du ménage contribue à occulter des pans entiers de la pauvreté issue du travail. Ce contre quoi s'insurge la sociologue Margaret Maruani, qui dénonce cette approche familiale qui agit « comme cache-sexe et cache-misère ».

COMBIEN SONT-ILS ?

Le dénombrement des travailleurs pauvres- 1 046 000 en 2000 - est établi à partir du seuil de pauvreté monétaire retenu par l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) qui est fixé à 50 %du revenu médian par personne ou « unité de consommation » du ménage - soit en 2001 : 602  € par mois pour une personne seule, 963  € pour une famille monoparentale avec deux enfants de moins de 14 ans, ou 1 084  € mensuels pour un couple et un enfant de moins de 14 ans. Avec un seuil de pauvreté à 60 % du niveau de vie médian - le plus couramment adopté en Europe -, le nombre de travailleurs pauvres serait de 2 038 000. Dans l'un comme dans l'autre cas, les ménages dont la personne de référence est étudiante ne sont pas pris en compte, pas plus que les personnes qui vivent en collectivité (centres maternels, CHRS...) ou qui n'ont pas de domicile fixe.

Des difficultés imbriquées

Même si son évaluation et ses caractéristiques peuvent donner lieu à des estimations et des lectures fort différentes, la pauvreté laborieuse n'en demeure pas moins un phénomène massivement préoccupant. Et qui s'est aggravé au fil du temps, tout particulièrement au cours des années 90.

En termes d'environnement du travail c'est-à-dire de conditions d'existence, elle s'est aussi durcie pour les ménages les plus démunis. On le sait moins, car il existe peu de recherches qualitatives qui en rendent compte. Cela explique peut-être, au moins pour partie, la sévérité accrue dont fait montre l'opinion publique quant aux raisons de la pauvreté (voir encadré ci-dessous).

Une étude en cours, menée par une équipe de l'IRES (7), a l'intérêt de mettre précisément au jour l'accumulation et surtout l'intrication des difficultés spécifiques auxquelles sont en butte les travailleurs pauvres pour accéder à un emploi et s'y maintenir. Cette recherche, réalisée à la demande de la Mission d'information sur la pauvreté et l'exclusion sociale (MIPES) en Ile-de-France, a conduit les chercheurs à rencontrer une vingtaine de travailleurs pauvres, parmi lesquels une majorité de familles, mais aussi quelques célibataires des deux sexes, habitant à Paris ou dans l'Est de la banlieue parisienne.

En dehors du nombre forcément limité de configurations familiales possibles, les personnes interviewées ont peu de caractéristiques objectives communes. Il y a des familles d'artistes et des personnes qui ont vécu de longues années dans la rue, des individus aux niveaux de revenu et de formation très disparates, et un éventail socio-professionnel qui ne l'est pas moins. Se côtoient notamment : un couple de musiciens salariés de la Ville de Paris et un agent du service municipal des espaces verts, la secrétaire d'un écrivain, un éboueur, le contremaître d'une teinturerie, le salarié d'une boulangerie et plusieurs personnes qui travaillent quasiment au noir.

Comme tout un chacun, les travailleurs pauvres doivent parvenir à concilier leur travail avec les autres dimensions de ce qui constitue et conditionne l'existence (logement et transport, santé, vie sentimentale et de famille). Mais, pour eux, l'affaire s'avère nettement plus rude tant le retentissement de ce qui est vécu sur l'une de ces lignes biographiques peut avoir de conséquences au regard de l'emploi.

DE LA COMPASSION À LA SUSPICION

Pour savoir quelles sont les causes de la pauvreté aux yeux du grand public, la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) utilise, depuis 2000, un baromètre permettant de suivre les évolutions de l'opinion (8) . Il en ressort, visiblement, que l'air du temps n'est plus à la compassion, même si les études ont été menées à une époque où le taux de chômage semblait s'infléchir. En effet, si en 2002 comme trois ans plus tôt, les licenciements et le surendettement restent quasi unanimement cités (plus de 80 % des réponses) comme étant les causes premières de la pauvreté, la mise en avant du manque d'emploi recule de neuf points (54 % contre 65 %), alors qu'inversement, l'idée que la pauvreté peut provenir du refus de travailler progresse d'autant (56 % contre 47 % en 2000). Le même durcissement est observé par l'enquête annuelle du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc) sur les conditions de vie et aspirations des Français. Contrairement à la situation qui a prévalu sans discontinuer entre 1989 et 2000, les personnes jugeant que « le RMI risque d'inciter les gens à s'en contenter et à ne pas chercher de travail » sont devenues majoritaires (elles sont 53 % en 2003 comme en 2000, contre 29 % en 1989). Symétriquement, alors qu'en 1989, 69 % des personnes interrogées pensaient que « le RMI donne le coup de pouce nécessaire pour s'en sortir », elles ne sont plus aujourd'hui que 44 % dans ce cas (45 % en 2000). Face à ces évolutions de l'opinion, qui renvoient au débat classique sur les causes de la pauvreté - responsabilité individuelle ou injustice de la société -, les bénéficiaires de minima sociaux confirment que, eu égard aux éléments de statut que confère un emploi et aux perspectives à long terme que celui-ci peut offrir, les incitations financières au travail ne constituent qu'un déterminant parmi d'autres de leur propre comportement. Ainsi, l'enquête sur le devenir des bénéficiaires du RMI montre qu'en 1998 un tiers de ceux qui ont repris un emploi déclarent n'y avoir aucun intérêt financier à court terme - et 12 % estiment même y perdre.

Premier problème : le logement. Pour les bailleurs, le CDI reste « la » garantie. « Alors que ce type de contrat tend à reculer, qu'on répète qu'il va devenir l'exception, que l'impératif de mobilité associé à la doctrine libérale semble s'accompagner du développement des CDD, on continue à exiger de ces personnes qu'elles soient en CDI », souligne Yves Lochard, de l'IRES. Ce à quoi s'ajoute, fréquemment, l'obligation faite aux candidats de disposer de revenus trois à quatre fois supérieurs au montant du loyer. Sachant, comme le précise Philippe Coste, directeur des affaires sanitaires et sociales de Paris, qu'il y a actuellement 100 000 demandes de logements sociaux, dont 60 000 « prioritaires », pour 5 000 attributions par an, le calcul est vite fait :quand on est prioritaire, il faut attendre 12 ans.

On découvre donc, sans grand étonnement (9), de plus en plus de travailleurs pauvres dans les centres d'hébergement d'urgence (CHU) créées pour les « grands exclus », ainsi que dans les centres d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) destinés aux personnes devant bénéficier d'un accompagnement social adapté pour s'insérer. Or, ce dont ont simplement besoin « ces gens qui nous ressemblent », selon le commentaire d'une assistante sociale de CHU, c'est d'un toit. Celui-ci permettrait, entre autres, de ne pas avoir à louer un box pour stocker ses affaires - faute de quoi, on les traîne avec soi -, et de pouvoir se reposer quand on travaille à horaires fractionnés. D'autant que s'il est nécessaire d'avoir une adresse pour décrocher un emploi, toutes ne sont pas bonnes à communiquer. « Avouer » être hébergé dans une structure ou chez des amis, à plus forte raison dire qu'on habite dans un squat, c'est révéler un « problème » et s'exposer, la plupart du temps, à un refus.

D'où les stratégies de dissimulation que doivent développer les intéressés, explique Yves Lochard. Obligation constante de se surveiller quand on parle avec ses collègues de travail pour ne pas laisser échapper : « le foyer ouvre à 17 h 30 ». Ne surtout pas dire que l'on est domicilié « rue du Chemin-Vert » (localisation du centre d'action sociale de la Ville de Paris). Evidemment, ne pas donner non plus l'adresse d'un CHRS ou d'un CHU, et encore moins son numéro de téléphone. « Allô, ici le Secours catholique »  : en s'apercevant qu'il téléphonait à un foyer, l'employeur qui cherchait à joindre son salarié l'a renvoyé une heure après. Autrement dit, pour un travailleur pauvre, le téléphone portable est loin d'être un luxe superflu.

RÉSOUDRE L'ÉQUATION MOBILITÉ-EMPLOI

Si pauvreté et logement ont partie liée, les questions de pauvreté sont plus rarement appréhendées sous l'angle de leurs conséquences en matière de mobilité, soit aussi d'accès à l'emploi. Il faut effectivement « pouvoir bouger pour s'en sortir »   (10) . D'autant que la distance moyenne entre lieu de résidence et lieu de travail est, aujourd'hui, de 13 kilomètres (contre 7 en 1975), précise Jean-Pierre Orfeuil, directeur du Centre de recherche sur l'espace, les transports, l'environnement et les institutions locales. Or, selon ses calculs, les transports publics assurent, actuellement, moins de 15 %des déplacements entre le domicile et le travail (16 % pour les actifs les plus pauvres, soit, ici, ceux dont le ménage dispose de moins de 11 500  € de revenu annuel, 11 % pour l'ensemble de la population). Quant à l'usage du deux-roues pour se rendre à son travail, deux fois plus répandu chez les ménages les plus modestes que dans l'ensemble de la population (11 % contre 5 %), il est encore plus marginal que la marche (utilisée par 18 % des actifs les plus pauvres contre 11 % dans l'ensemble de la population). La majorité des déplacements liés à l'emploi se fait donc en voiture  (52 % chez les actifs les plus modestes, 69 % en moyenne). Mais il s'agit là, en quelque sorte, d'un choix par défaut, souligne le chercheur : parce qu'il n'y a pas de mode alternatif de transports « crédible ». Ce défaut coûte cher : il revient, en moyenne, à 5 000  € par an (estimation comprenant les coûts d'acquisition, d'assurance, d'entretien et d'utilisation du véhicule). C'est pourquoi il est inégalement partagé. L'offre de transports publics ne l'est pas moins. La plus mal lotie, à cet égard, est la population qui habite en zone rurale : elle cumule un niveau de revenu significativement inférieur à la moyenne et une liberté de mouvement par les transports publics particulièrement réduite. En conséquence, malgré ses faibles revenus, la population rurale est la plus motorisée de l'Hexagone (12 % de ménages sans voiture contre 21 % en France, 42 % de ménages « multimotorisés » contre 29 %). Le problème des urbains et périurbains qui vivent sur les territoires de la politique de la ville - soit des proportions élevées de jeunes, d'actifs sans qualification, de chômeurs et de personnes subsistant grâce aux minima sociaux - est différent. Leur dépendance forcée à l'automobile est moins importante que celle des ruraux, car ils disposent de transports publics dont le niveau n'est souvent pas moindre qu'ailleurs. Cependant, compte tenu du plus faible taux d'équipement en automobile de ces foyers, fait observer Jean-Pierre Orfeuil, il faudrait, pour « rétablir l'équilibre, une offre plus élevée et surtout plus diversifiée dans l'espace (plus de lignes interbanlieues) et dans le temps (pour répondre, par exemple, à une proportion plus importante de personnes faiblement qualifiées à horaires de travail décalés)  ». Faute de quoi - et c'est la situation actuelle : les actifs les plus pauvres ont accès à un vivier potentiel d'emplois plus restreint que les salariés plus aisés. C'est à la fois une question de temps (les moyens de transport utilisés sont plus lents que l'automobile) et d'argent (le coût du déplacement doit être proportionné au salaire qu'il permet de recevoir).

Des considérations irrationnelles ?

Autre problème, bien évidemment : l'emploi. En effet, les bailleurs ne sont pas les seuls à avoir peur des travailleurs pauvres : il faut également rassurer les employeurs. Avec les premiers comme avec les seconds, les travailleurs sociaux et les bénévoles associatifs jouent un rôle crucial de garants. Pour conférer un crédit suffisant aux candidats à l'emploi, ils cautionnent leur curriculum vitae - quitte, d'ailleurs, à commencer par le raboter pour le ramener au niveau du poste proposé. Ils témoignent de leur volonté de travailler. Et ils n'hésitent pas non plus à assurer qu'ils « suivront » le futur embauché en cas de besoin.

Il faut dire qu'une concurrence acharnée sévit au niveau des emplois faiblement qualifiés, ajoute Yves Lochard. Elle est à la fois le fait de plus et de moins démunis que soi. Le premier cas de figure est illustré par tout un secteur de « travail invisible » susceptible d'échoir à des sans-papiers - « parias parmi les parias », selon l'expression d'un travailleur interviewé par les chercheurs. Ces derniers ont ainsi rencontré plusieurs femmes, souvent africaines, qui vivent en CHU. Réduites à des travaux de ménage aléatoires, elles sont appelées « quand il y a du boulot ». « Un employeur préfère souvent trois clandestins à un travailleur embauché légalement », commente Yves Lochard. A l'inverse, il y a aussi, sur certains postes, la concurrence de candidats mieux armés, comme les étudiants, qui peuvent avoir besoin d'un emploi momentané, mais bénéficier de ressources complémentaires (bourses, revenus des parents). Or les étudiants disposent souvent d'atouts supérieurs à ceux des travailleurs pauvres, tant en termes de savoir-être qu'au plan matériel : maîtrise de l'outil informatique, prêt du véhicule des parents.

De fait, les possibilités de déplacement sont une des clés d'accès à l'emploi (voir encadré). Or, faute d'offre appropriée aux capacités financières des intéressés, les distances sont souvent grandes entre le lieu de travail et le lieu d'hébergement ou le logement, ce qui multiplie le coût et les durées de trajet, surtout quand on travaille à horaires fractionnés. Encore faut-il, d'ailleurs, qu'il y ait des transports en commun adaptés aux emplois à horaires atypiques.

Prendre son vélo à quatre heures du matin pour rallier la boulangerie de banlieue où l'on est employé, alors qu'on est hébergé dans le centre de Paris : cet exemple donne une idée de l'énergie qu'il faut parfois déployer pour se maintenir dans l'emploi. A cet égard, la pauvreté joue bel et bien comme une « trappe à immobilité » - mais pas forcément « à inactivité ». L'un des enseignements que l'on peut, en effet, retirer des témoignages recueillis par les chercheurs de l'Institut de recherches économiques et sociales est la volonté qu'ont les personnes rencontrées de travailler.

A l'heure où l'effet dissuasif des minima sociaux au regard du retour à l'emploi est une question qui parcourt le débat public, il n'est pas inutile de le rappeler. Oui, il peut être financièrement risqué de perdre ses allocations en échange d'un emploi faiblement rémunéré. D'autant qu'après un court CDD, il faut le temps de réamorcer la « pompe » du revenu minimum d'insertion.

Mais s'en tenir à cette affirmation revient à ignorer le fait que l'emploi n'obéit pas qu'à des considérations monétaires. Autrement dit : s'il est légitime de ne pas accepter de travailler à n'importe quel prix, il n'en demeure pas moins que les humains ne sont pas ces « idiots rationnels »   (11), classiquement décrits par la théorie économique.

Caroline Helfter

Notes

(1)  En 1996, l'INSEE dénombrait 1 305 000 travailleurs pauvres avec lesquels cohabitaient (décompte non actualisé depuis) 1 573 000 personnes : 743 000 âgées de plus de 17 ans et 830 000 enfants (de moins de 17 ans).

(2)  Voir « Les working poor version française » in Droit social n° 7/8 - Juillet-août 2003.

(3)  Voir « Les salariés de seconde zone », ASH n° 2192 du 8-12-00.

(4)  Qui écarte, notamment, de l'analyse les « chômeurs pauvres », c'est-à-dire ceux qui n'ont pas occupé d'emploi effectif pendant au moins un mois au cours de l'année.

(5)  Lors d'une rencontre sur les travailleurs pauvres organisée par la Mission d'information sur la pauvreté et l'exclusion sociale, le 18 juin à Paris - MIPES : 35, boulevard des Invalides - 75007 Paris - Tél. 01 53 85 66 96 - www.ile-de-france.pref.gouv.fr.

(6)  Voir « L'extension de la pauvreté laborieuse » de Pierre Concialdi - Projet n° 280 - Mai 2004.

(7)  Composée de Pierre Concialdi, Yves Lochard, Christèle Meilland et Mouna Viprey. Rens. : IRES - 16, boulevard du Mont-d'Est - 93192 Noisy-le-Grand cedex - Tél. 01 48 15 18 90.

(8)  Voir Rapport 2003-2004 de l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion - La Documentation française, 2004.

(9)  Au niveau national, une enquête réalisée par l'INSEE en 2001 parmi les sans-domicile francophones fréquentant les services d'hébergement ou de distribution de repas chauds établissait que 30 % d'entre eux travaillent. Ouvriers ou employés dans la plupart des cas, leur durée de travail est en moyenne de 32 heures par semaine - Voir INSEE Première n° 925 - Octobre 2003 - Voir ASH n° 2327 du 3-10-03.

(10)  Sous-titre de l'ouvrage collectif Transports, pauvretés, exclusions, que Jean-Pierre Orfeuil a dirigé (éditions de l'Aube, 2004). Ce livre est issu des travaux d'un séminaire de l'Institut pour la ville en mouvement - Rens. : www.ville-en-mouvement.com.

(11)  L'expression est d'Amartya Sen, prix Nobel 1998 d'économie, critiquant une discipline qui considère que les comportement humains ne peuvent être qu'intéressés. Voir Ethique et économie - PUF, 1993.

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