Quel est le devenir professionnel des titulaires des minima sociaux ? Combien d'entre eux cherchent un emploi et quelles difficultés éprouvent-ils dans leurs démarches ? Quels sont leurs débouchés ? Autant de questions qu'une enquête menée auprès de 5 000 personnes - bénéficiaires du revenu minimum d'insertion (RMI), de l'allocation de parent isolé (API), de l'allocation de solidarité spécifique (ASS) ou de l'allocation aux adultes handicapés (AAH) - s'est efforcée d'élucider (1).
Pour évaluer les trajectoires dans la durée, les entretiens ont été réalisés au début de 2003 avec des personnes qui étaient allocataires au 31 décembre 2001. Entre-temps, 30 % des bénéficiaires du RMI en étaient sortis, de même que 27 % des titulaires de l'ASS, 41 % des allocataires de l'API et seulement 10 % pour l'AAH. Cette dernière catégorie mise à part, la moitié des sorties était liée à l'emploi. Les autres étaient dues à l'évolution de la situation familiale ou personnelle des intéressés (retraite par exemple) ou à une fin de droit (l'API n'est attribuée que pour trois ans). Parmi les personnes qui relèvent encore d'un minimum social, la moitié se déclare en recherche d'emploi et 10 %en occupent déjà un. Ce sont les titulaires du RMI (parmi lesquels les hommes jeunes sont nombreux) qui effectuent les démarches les plus actives.
Pourquoi sont-ils encore au chômage ? Les explications données par les intéressés diffèrent selon l'allocation perçue. Les titulaires du RMI évoquent avant tout leur absence de formation, ceux qui sont sortis de l'allocation plus encore que les autres... Les bénéficiaires de l'ASS (effectivement plus âgés) estiment plus souvent que c'est leur âge qui est en cause. Quant aux allocataires de l'API, trois sur dix se jugent indisponibles pour des raisons familiales et plus de deux sur dix mettent en avant leur manque d'autonomie dans les déplacements (absence de véhicule ou de permis). Toutes catégories confondues, les difficultés matérielles sont évoquées par sept personnes sur dix. Les plus souvent citées sont l'absence de moyens de transport et leur coût (dans quatre cas sur dix), les frais de correspondance (trois sur dix) ou encore le manque devêtements convenables pour se présenter à un employeur (deux sur dix). 15 % des titulaires du RMI et de l'ASS mettent aussi en avant des problèmes de santé et respectivement 5 % et 3 % un découragement et le sentiment qu'il n'existe pas ou plus d'emploi pour eux. L'étude souligne que les raisons financières (selon lesquelles il ne serait pas intéressant de travailler) ne sont que très rarement citées.
La majorité des rares bénéficiaires de l'AAH sortis vers l'emploi ont été accueillis dans le secteur protégé. Parmi les autres catégories d'allocataires, de 20 à 25 % des personnes interrogées occupent un emploi. Trois fois plus parmi les personnes qui ont quitté le minimum social que parmi celles qui y sont encore. Mais les emplois sont le plus souvent temporaires, à temps partiel et/ou aidés par l'Etat. Le temps partiel est vécu comme une contrainte dans plus de 80 % des cas. Les contrats à durée indéterminée et non aidés font plutôt figure d'exception et ne représentent qu'un quart à un tiers des emplois occupés. Autant de raisons qui amènent logi- quement les intéressés à être très majoritairement insatisfaits de leur salaire et de leur sécurité d'emploi alors qu'ils jugent plus favorablement leurs conditions de travail.
Pour la moitié des personnes interrogées, le travail est avant tout « le moyen de gagner sa vie ». 15 % en attendent d'abord un statut social. 5 à 10 % (et 17 % parmi les titulaires de l'AAH) y voient un moyen de se « sentir utile ». A peu près autant (et au premier rang, les bénéficiaires de l'API) le considèrent avant tout comme une occasion de sortir de chez soi.
(1) « Les trajectoires professionnelles des bénéficiaires de minima sociaux » - Etudes et résultats n° 320 - Juin 2004 - DREES - Disp. sur