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La Cimade dénonce le « désordre chaotique » des centres de rétention

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« Une machine qui semble s'emballer. » En 2003, 28 220 personnes sont passées dans les 18 centres de rétention où intervient la Cimade. Un chiffre en augmentation de 22 % par rapport à 2002, qui avait déjà connu une hausse de 14 %. Cette croissance impressionnante s'explique par les instructions du ministère de l'Intérieur incitant les administrations à placer plus en rétention pour reconduire plus souvent à la frontière, juge l'association. Au-delà de cette augmentation numérique, le rapport annuel de la Cimade (1) rend compte d'un « climat inquiétant » et peut être d'un « basculement » dans la politique d'éloignement des étrangers.

La lente amélioration des conditions de rétention administrative a été stoppée net en cours d'année 2003, constate l'organisation, qui souligne que l'échéance prévue pour la mise en conformité des locaux, initialement fixée au 19 mars 2004, a été repoussée d'un an tandis que la loi Sarkozy du 26 novembre 2003 (2) a été d'application immédiate.

Premier effet de ce texte : la durée moyenne de rétention a doublé pour approcher les dix jours. Sans grand intérêt pour l'objectif poursuivi puisque la Cimade y détecte, pour partie, « la conséquence perverse de la surcharge de travail produite par les instructions ». Autre effet de la « course au chiffre »  : des interpellations tous azimuts, un « harcèlement » des sans-papiers et des placements en rétention « à tout va ». « La population des centres a tendance à se modifier, note aussi la Cimade : de plus en plus de personnes marginales, désocialisées, errantes ; des malades et des handicapés ; des personnes psychologiquement déséquilibrées ; de plus en plus de femmes et d'enfants. » Les placements successifs de personnes dont on sait qu'elles sont non « reconductibles » ne sont pas rares non plus. Autant de phénomènes qui expliquent peut-être que, malgré la volonté claironnée, le taux de personnes présentées à l'embarquement ait régressé en un an, passant de 44,3 % à 42,7 %.

Dans les centres surpeuplés, les incidents se multiplient. Surtout dans les « gros » centres dépassant les 80 ou 100 places, où les relations personnelles deviennent impossibles, où la promiscuité et l'insécurité s'installent, surtout au détriment des plus vulnérables. Motif d'inquiétude supplémentaire : la « pro- fusion » des locaux de rétention, dont personne n'est capable de dresser la liste, et dans lesquels les conditions d'hébergement et les garanties sont encore plus précaires... Bref, le dispositif d'éloignement donne depuis quelques mois l'impression d'un « désordre chaotique ».

Un sombre tableau qui n'empêche pas la Cimade de reconnaître que les conditions sont encore moins protectrices dans d'autres pays du continent, « ce qui n'a rien de rassurant ». Et d'appeler à une pause pour qu'une réflexion de fond soit conduite au plan européen sur les politiques d'éloignement forcé.

Notes

(1)   « Centres et locaux de rétention administrative », rapport 2003 - Les hors-séries de « Causes communes »  - Juillet 2004 - Cimade : 176, rue de Grenelle - 75007 Paris - Tél. 01 44 18 60 50 - 10  €. Le rapport donne un bilan centre par centre et y ajoute huit études thématiques.

(2)  Voir ASH n° 2338 du 19-12-03.

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