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« Réconcilier travail social et territoires »

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Vingt sites de la politique de la ville tentent de mettre en place des « projets sociaux de territoire ». Lancée en octobre 2002, cette expérimentation nationale vise à transformer l'action publique locale. Bilan d'étape (1), après le dernier séminaire d'échanges du 21 juin à Rennes, avec Michel Didier et Michèle Esposto, respectivement responsable du centre de ressources et chargée de mission à la délégation interministérielle à la ville (DIV).
Pourquoi des projets sociaux de territoire (PST)  ?

Michel Didier : Le rapport Brévan-Picard (2) mettait en évidence la difficulté à articuler les métiers du travail social et des politiques de la ville. Nous voulions permettre aux travailleurs sociaux de se sentir davantage impliqués et pas seulement instrumentalisés à travers des projets visant à améliorer la cohérence de l'action publique locale. C'est pourquoi la DIV a engagé cette expérimentation nationale en partenariat avec l'ADF, la CNAF, la DGAS et le CSTS qui a été lancée officiellement par Jean-Louis Borloo, le 8 octobre 2002.

Où en est-on aujourd'hui ?

Michèle Esposto : Sur les sites, des groupes de travail rassemblant institutions, associations, travailleurs sociaux, habitants se réunissent autour de thèmes (jeunesse, parentalité, logement…). L'une des grandes avancées tient à l'émergence d'une véritable coopération inter-institutionnelle et à la confrontation des points de vue des acteurs qui, pour beaucoup, ne se parlaient pas.

Le contrat de ville ne suffisait pas ?

M.D. : Les contrats de ville étaient déjà un lieu de rencontre des partenaires. Mais force est de constater que ces dispositifs n'arrivent pas à entrer suffisamment dans les questions d'intervention sociale. Si beaucoup d'institutions ont des compétences sociales, elles n'ont guère d'approche territoriale des problèmes ou celle-ci se limite à la territorialisation de leurs services. Or, quand un service municipal, une CAF, une DDASS, une direction de la PJJ discutent ensemble des questions de la jeunesse, ils revisitent leurs modes d'action et leurs publics. Par ailleurs, cette dynamique redonne du souffle aux travailleurs sociaux qui ont le sentiment de voir leurs savoirs et leurs savoirs-faire reconnus par les politiques et de s'inscrire dans une stratégie cohérente. M.E. : Par exemple, au Havre, dans le quartier de Caucriauville, les travailleurs sociaux du conseil général, de la CAF, les acteurs de la Ville, de l'Education nationale, ont constitué un groupe de travail pour s'interroger sur la façon dont ils pouvaient venir en aide aux parents démunis face aux difficultés de leurs enfants. Et voir comment ce problème était vécu par les habitants. Une telle dynamique favorise l'articulation de l'action individuelle et collective.

Encore faut-il que les décisions suivent...

M.E. : L'enjeu est, bien sûr, que cette méthode de travail débouche sur des sorties opérationnelles. Les 20 sites n'en sont pas au même point, mais certains ont franchi le cap et retenu des orientations. M.D. : La démarche a suscité une véritable adhésion sur les sites. Maintenant, on espère beaucoup dans l'opérationnalité du dispositif. Que cela se traduise, par exemple, par un projet d'équipement public en réponse aux besoins des habitants, comme la création d'un lieu-passerelle pour les pré-adolescents dans le quartier de Lyon-La Duchère. Maintenant, les démarches doivent partir du terrain pour transformer en profondeur les cultures et les pratiques. C'est pour cette raison que le comité de pilotage national n'a pas émis de circulaire, ni désigné a priori de chef de file, qui, selon les sites, peuvent être le conseil général, la mairie, la CAF ou le service de l'Etat. Maintenant, nous allons engager une évaluation pour capitaliser les enseignements afin qu'ils servent à d'autres qui souhaiteraient eux aussi se lancer. On voit déjà comment les PST interrogent la formation des travailleurs sociaux ou mettent en évidence le besoin d'ingénieurs sociaux pour aider à la mise en place de véritables stratégies sociales sur les territoires.

Les PST ont-ils réussi à impliquer les habitants ?

M.D. : C'est le point qu'il faut encore travailler. Associer les usagers, oui, mais les faire participer réellement dans le cadre d'un processus démocratique reste difficile. Propos recueillis par Isabelle Sarazin

Notes

(1)  Présenté au CSTS, le 18 juin - DIV : 194, avenue du Président-Wilson - 93217 Saint-Denis-La-Plaine - Tél. 01 49 17 46 74 - Voir ASH n° 2336 du 5-12-03.

(2)  Voir ASH n° 2181 du 22-11-00.

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