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Le « changement de cap » de la politique de l'emploi n'a pas enrayé la montée du chômage

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« Les mesures de politique de l'emploi annoncées depuis 2001 visent principalement à promouvoir l'emploi stable à long terme et, à court terme, continuent à dégrader la situation sur le marché du travail  », estime l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), dans une étude intitulée « les petits moyens d'une grande priorité :l'emploi » (1). En 2003, environ 13 000 emplois aidés ont été créés dans le secteur marchand. Mais, dans le même temps, 70 000 emplois aidés dans le secteur non marchand ont été « détruits » .Pour 2004, estime l'observatoire, la tendance à l'augmentation du chômage ne devrait pas s'inverser, d'autant que le nombre d'emplois aidés dans le secteur non marchand (contrats emploi-solidarité et contrats emploi consolidé, emplois-jeunes) continuera à se réduire et que les créations d'emplois aidés dans le secteur marchand ne viendront pas compenser ces pertes. Résultat : « la faiblesse de la reprise économique (2 %) et l'orientation des aides à l'emploi [vers le secteur marchand] feraient monter le taux de chômage jusqu'à 10,2 % fin 2004  », pronostique l'étude.

L'OFCE a passé au crible les principaux dispositifs de la politique de l'emploi mis en place ou annoncés par les gouvernements Raffarin depuis 2002, à commencer par le remplacement des emplois-jeunes par les contrats jeune en entreprise. « Si [leur] mise en application est indubitable, [leur] opportunité est plus discutable », avancent les auteurs, qui relèvent que « l'emploi aidé non marchand est une mesure qui agit rapidement et pour un coût à court terme plus faible que les autres mesures - sur l'emploi et contre le chômage ». Au contraire, constatent-ils, «  favoriser l'emploi des jeunes dans le secteur marchand, par le contrat jeune en entreprise qui réduit les charges sociales sous condition d'âge et de qualification  - est d'une moindre efficacité à court terme pour un même budget  ». Résultat : « comme le budget destiné aux publics prioritaires a été réduit dans le même temps de 11,5 % par an, le changement de cap a eu pour impact, toujours à court terme, d'augmenter le chômage, en particulier celui des jeunes  ».

Au-delà, les membres du département « analyse et prévision » de l'observatoire sont réservés sur l'efficacité du dispositif de la prime pour l'emploi, estimant qu'elle a un « faible impact en situation de sous-emploi  ». Et, en ce qui concerne le plan d'aide au retour à l'emploi (PARE) et le projet d'action personnalisé, jugent que ces mesures, bien que menées et financées par l'Unedic, « relèvent de la politique de l'emploi ». Conséquence : « il serait logique que ces dépenses soient prises en charge dans le budget de la politique de l'emploi et non par le dispositif d'assurance chômage, d'autant que celui-ci est géré par les partenaires sociaux et soumis à une contrainte budgétaire », indique l'OFCE. Selon les estimations de l'observatoire, ces dispositifs «  coûteraient en année pleine plus de 2,5 milliards d'euros, qui se décomposent en, d'une part, 1,5 milliard par an pour la suspension de la dégressivité [des allocations] et, d'autre part, 1 milliard par an au titre de la formation et de l'administration du PARE ».

Notes

(1)  Etude d'Eric Heyer, Matthieu Lemoine et Xavier Timbeau - Lettre de l'OFCE n° 250 : 69, quai d'Orsay - 75007 Paris - Tél. 01 44 18 54 00 - 4,20 €.

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