Reçu le 4 juin au conseil général après une journée de mobilisation, le Collectif marnais de veille contre les dérives sécuritaires et les atteintes aux libertés des personnes a remporté une première victoire. Depuis quelques mois, le département enjoignait aux institutions sociales de Vitry-le-François, commune figurant parmi les 24 secteurs « criminogènes » désignés par Nicolas Sarkozy, de remplir des fiches nominatives sur les problématiques sociales des usagers (1). L'objectif étant, selon lui, d'évaluer les actions et les partenariats en matière d'intervention sociale. Le collectif marnais, le Collectif national unitaire contre le projet de loi sur la prévention de la délinquance, l'Association nationale des assistants de service social (ANAS) et le Collectif pour les droits des citoyens face à l'informatisation de l'action sociale avaient unanimement dénoncé cette attaque contre la déontologie du travail social et demandé le retrait de ces fiches.
Ce qu'ils ont obtenu. En contrepartie, le conseil général demande aux institutions « d'élaborer un autre outil de travail, préservant l'anonymat des personnes, pour faire émerger les besoins », rapporte le collectif marnais. Reste que si ce dernier n'est pas opposé au principe d'élaborer un diagnostic social, il estime que « les objectifs d'un tel outil restent à ce jour totalement obscurs » et réaffirme sa vigilance. Didier Dubasque, président de l'ANAS, est également dubitatif : « Il serait préférable de repérer et d'analyser la demande sociale, estime-t-il. Au lieu de partir des problématiques, ce qui revient à raisonner en termes de conséquences, donc de sécurité. » Et d'ajouter qu'il vaudrait mieux, de façon générale, parler des besoins sociaux au sein de « contrats locaux de solidarité », et non pas au sein des contrats locaux de sécurité.
(1) Voir ASH n° 2361 du 26-05-04.