L'Union générale des syndicats pénitentiaires (UGSP) -CGT (1) est allée jusqu'au bout de sa position sur la mesure de la loi Perben II qui systématise l'examen, par les directeurs de services pénitentiaires d'insertion et de probation (SPIP), de la situation de certains détenus en vue d'un aménagement de peine (2). Elle a voté contre en comité technique paritaire socio-éducatif, alors que la CFDT Interco-Justice et le Syndicat national de l'ensemble des personnels de l'administration pénitentiaire (Snepap) -FSU, qui ont également exprimé leurs réserves, se sont abstenus, cet avis restant consultatif.
Pour l'UGSP-CGT, ce dispositif risque de permettre, « grâce à des libérations anticipées de quelques semaines, d'incarcérer encore un peu plus de personnes et de leur faire subir également les effets néfastes de l'incarcération que l'on prétend combattre ». En d'autres termes, ces aménagements de peine ne serviraient qu'à une meilleure « gestion des flux ». Le syndicat rappelle que les travailleurs sociaux, qui devront mettre en œuvre cette mesure, sont déjà en sous-effectifs (le rapport du député UMP Jean-Luc Warsmann, sur lequel s'est fondée la réforme des aménagements de peine (3), estime la pénurie à 3 000 postes) et doivent prioritairement faire face aux problèmes générés par la surpopulation carcérale. Or seules des mesures alternatives à l'emprisonnement pourraient désengorger les prisons, estime-t-il. L'UGSP- CGT déplore également que, parallèlement, aucun moyen ne soit débloqué pour garantir des solutions d'insertion aux détenus en semi-liberté ou sous surveillance électronique.
La colère du syndicat est d'autant plus forte que l'administration pénitentiaire ne recrutera pas d'assistants de service social en 2005. Celle-ci confirme en effet que l'effort sera concentré désormais sur le renflouement des équipes de conseillers d'insertion et de probation, dûment formés par l'Ecole nationale de l'administration pénitentiaire. Quelque 600 recrutements sont prévus pour la période 2002-2007. « Sur les 2 500 travailleurs sociaux de l'administration, nous comptons 430 assistants de service social, qui occupent les mêmes fonctions », explique Christophe Tagger, chef du bureau de la gestion des personnels de l'administration pénitentiaire, qui juge que l'arrêt de nouveaux recrutements d'assistants de service social n'aura pas d'incidence sur les missions accomplies. L'UGSP-CGT ne l'entend pas de cette oreille : « Cette tendance confirme la volonté de privilégier le contrôle et la gestion de la population carcérale, qui prendra petit à petit le pas sur le travail social traditionnel en prison », regrette Michel Pouponnot, secrétaire national du syndicat, chargé du travail social.
(1) UGSP-CGT : 263, rue de Paris - Case 542 - 93514 Montreuil cedex - Tél. 01 48 18 82 42.
(2) Voir notre dossier juridique dans les ASH n° 2360 du 21-05-04 et ce numéro.
(3) Voir ASH n° 2309 du 2-05-03.