Ils s'étaient déjà mobilisés en janvier (1) pour dénoncer la détérioration des conditions d'accès à l'interruption volontaire de grossesse (IVG). Alors que le gouvernement affine son projet de loi réformant l'assurance maladie, les responsables de l'Association nationale des centres d'interruption de grossesse et de contraception (ANCIC), de la Coordination des associations pour le droit à l'avortement et à la contraception (CADAC) et du Mouvement français pour le planning familial (MFPF) dénoncent à nouveau ensemble « l'inertie du gouvernement » à faire appliquer la loi du 4 juillet 2001 (2). « Une loi qui pourtant avait constitué une avancée considérable en liant avortement et contraception », fait valoir Maya Surduts, secrétaire générale de la CADAC.
Dans la réalité, la tarification hospitalière des forfaits IVG datant de 1991 n'a toujours pas été revalorisée, ce qui entraîne de nombreux établissements à limiter le nombre d'actes. En outre, les femmes qui le souhaitent ne peuvent toujours pas bénéficier d'une IVG médicamenteuse en dehors de l'hôpital, faute de parution du décret et de l'arrêté d'application.
Décidée à ne plus attendre- même si Nicole Ameline, ministre de la Parité et de l'Egalité professionnelle, s'est engagée, le 3 juin, lors des questions d'actualité au Sénat, à ce que ces textes paraissent « dans les prochaines semaines » -, l'ANCIC a lancé un manifeste invitant les équipes des centres à pratiquer immédiatement l'IVG médicamenteuse.
Par ailleurs, dans un appel à signatures, les trois organisations - qui ont également sollicité les parlementaires - se disent particulièrement inquiètes à l'approche de la période estivale, toujours difficile pour l'accueil des femmes du fait de la fermeture de nombreux services hospitaliers et des congès. Habituellement, une circulaire incite les structures à s'organiser, « cette année, rien, c'est le flou le plus total ». Les hôpitaux devront-ils alors, faute de moyens, choisir entre ces femmes et les personnes âgées ?, s'inquiètent les responsables associatifs. Plus globalement, c'est tout un climat qu'ils dénoncent, « une remontée de l'ordre moral », comme le montre notamment la poursuite des actions commandos. « L'IVG, on n'en parle pas, elle redevient une affaire privée », s'alarme Maya Surduts.
(1) Voir ASH n° 2342 du 16-01-04.
(2) C/o MFPF : 4, square Irénée - 75011 Paris - Tél. 01 48 07 29 10.