« Tous les enfants, tous les jeunes ont leur place à l'école, ceux en situation de handicap comme les autres. C'est donc le devoir de l'institution de créer et de développer les adaptations et les compensations individuelles nécessaires. » Autour de l'Association pour adultes et jeunes handicapés (APAJH), neuf organisations se sont rassemblées pour signer ce « manifeste pour le droit à l'école » (1). Un droit « proclamé depuis vingt ans », mais insuffisamment traduit dans les faits. Parmi les signataires, les trois principales fédérations de personnels de l'Education nationale - FSU, SGEN-CFDT et UNSA-Education - et leurs syndicats d'enseignants ainsi que les deux grandes fédérations de parents d'élèves, FCPE et PEEP.
C'est la première fois que ces organisations de l'éducation « ordinaire » proclament, ensemble, que le droit à l'école des jeunes handicapés est aussi leur problème. Elles demandent aux pouvoirs publics de « décider, une bonne fois pour toutes, d'une politique nationale et des moyens à mettre en place pour que son application ne soit pas laissée aux seules bonnes volontés locales », explique Luc Bérille, secrétaire général du SE-UNSA. « Il ne s'agit pas d'opposer l'école aux établissements spécialisés, ils sont complémentaires, précise Fernand Tournan, président de l'APAJH . Les seconds restent indispensables pour les enfants qui ont besoin d'un milieu plus protégé. » Et de demander « beaucoup plus de passerelles entre les deux et une continuité éducative qui manque trop souvent aujourd'hui », notamment par le développement de structures comme les services d'éducation spéciale et de soins à domicile.
Les neuf signataires sont aussi décidés à « mener le débat dans leurs propres rangs ». « Par cette action commune, nous reconnaissons que l'école - comme toute la société française - a pris du retard. Nous n'avons pas assez entendu le souhait des familles de voir leurs enfants handicapés scolarisés le plus possible parmi les autres. Trop souvent, les jeunes pas tout à fait comme les autres ont été maintenus à l'écart », indique Nicole Geneix, secrétaire générale du Snuipp- FSU. Pour tous, « il est temps de redresser la barre ». Il ne faut plus que les enseignants qui ne « savent pas faire renvoient le problème » hors de l'école mais qu'ils se demandent « comment faire et qu'ils se battent pour en obtenir les moyens ».
« Nous aussi devons convaincre l'ensemble des parents que l'intégration d'un enfant handicapé dans la classe ne va pas “faire baisser le niveau” ni “retarder toute la classe” », reconnaît Françoise Mougin, de la FCPE. Reste donc un « travail collectif à mener très vite. On a assez attendu », concluent enseignants, parents et association (2).
(1) C/o APAJH : 185, bureaux de la Colline - 92213 Saint-Cloud cedex - Tél. 01 55 39 56 00.
(2) Le Conseil économique et social, dans son avis sur la préparation de la future loi d'orientation sur l'avenir de l'école, insiste également sur la lutte nécessaire contre les discriminations à l'égard des enfants handicapés - Voir ce numéro.