J'arrive à un moment où la FNARS a engagé une réflexion de fond sur son projet fédéral pour les cinq années à venir. Ma priorité sera d'assurer la continuité de mon prédécesseur et d'accompagner la mise en œuvre de ce projet, qui sera adopté lors du congrès de la Fédération, les 17 et 18 juin. Il réaffirmera les valeurs de la FNARS sur le thème du « vivre ensemble » et déclinera des engagements forts, notamment sur le rôle du travail social.
La FNARS est écoutée parce qu'elle s'appuie sur une parole crédible, étayée par les réalités du terrain, qui s'accompagne toujours de propositions. Je souhaite préserver cette force. Grâce à mes fonctions précédentes, dans le logement social, puis au service des communes, notamment au sein de l'Association des maires de France où j'avais en charge l'action sociale (2), je connais bien la vie des institutions et des collectivités locales et je suis aussi un militant associatif. Cela pourra être un atout. Je suis quelqu'un de pragmatique et je vais approfondir ma connaissance du terrain en allant dès à présent à la rencontre des adhérents, des professionnels, en allant visiter des lieux d'accueil...
Nous continuerons à exiger des moyens supplémentaires pour les adhérents. Le contrat unique d'insertion a été promis par François Fillon. En attendant, les contrats aidés sont bloqués sur le terrain, sous prétexte qu'un nouveau dispositif doit prendre le relais. Nous ferons aussi tout pour que la conférence nationale de lutte contre l'exclusion ait lieu comme prévu, en juin, dans de bonnes conditions (3).
Il ne doit pas se limiter à une déclaration d'intention et doit s'accompagner de mesures concrètes. La FNARS a obtenu de faire partie du bureau du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale (CNLE) élargi, ce qui n'était pas le cas au départ. Elle co-préside le groupe de travail sur l'urgence sociale, ATD quart monde, celui sur le thème « être acteur de son projet d'insertion » et l'Uniopss, celui sur l'accès aux droits fondamentaux. Nous avons demandé que le bilan de l'IGAS sur la lutte contre l'exclusion ne porte pas seulement sur l'évaluation de la loi de 1998, mais s'élargisse entre autres à la protection sociale. Nous plaidons aussi pour que des décisions de fond soient prises avant la rentrée, sans attendre la réunion du comité interministériel en octobre.
Sous réserve d'un inventaire que je vais faire sur le terrain, j'ai un a priori de confiance. Je suis respectueux de l'engagement en général, en particulier de celui des élus locaux, des associations et des travailleurs sociaux. J'ai constaté sur le terrain les apports positifs de la phase I de la décentralisation et je considère qu'on a souvent sous-estimé l'action sociale des communes. La phase II va conforter et rendre visible ce mouvement, même si des interrogations réelles existent : il faut que l'Etat reste garant et conserve un pouvoir de substitution. Je suis un défenseur de la proximité, mais elle ne doit pas assumer sans moyens les carences de la société. Je crains aussi qu'il y ait un décalage entre le lieu où se prennent les décisions et celui de l'action. Les associations, par exemple, n'ont aucun pouvoir sur l'élaboration du programme local de l'habitat. Je pense, en même temps, que les élus locaux doivent sortir de la culture de méfiance à leur égard et mieux reconnaître leur compétence dans l'élaboration des politiques sociales. En contrepartie, les associations doivent davantage s'ouvrir aux territoires pour élaborer des projets collectifs. Propos recueillis par Maryannick Le Bris
(1) FNARS : 76, rue du Faubourg-Saint-Denis - 75010 Paris - Tél. 01 48 01 82 00.
(2) Voir son portrait dans ASH Magazine n° 2.
(3) Voir ASH n° 2347 du 20-02-04.