Le chiffre a été soigneusement tenu sous le boisseau jusqu'au lendemain des élections. Les caisses d'allocations familiales ont réglé le revenu minimum d'insertion (RMI) à 1 120 800 allocataires en décembre 2003 (1). Soit à 4,9 %de personnes en plus en un an. La progression atteint même 5,3 % pour la seule métropole (2).
Après deux années de baisse en 2000 et 2001, la tendance était repartie à la hausse à partir de la mi-2002. Elle s'est donc amplifiée depuis. L'accélération apparaît particulièrement forte au quatrième trimestre 2003 : le nombre d'ouvertures de droit augmente de 13 % par rapport à la même période de 2002.
Autre signe inquiétant : le nombre d'allocataires bénéficiant d'une mesure d'intéressement, c'est-à-dire cumulant le RMI avec les revenus d'un travail, diminue de 1,6 % en un an. La chute est particulièrement brutale pour le cumul RMI-contrat emploi-solidarité (- 15%).
Selon l'étude de la caisse nationale des allocations familiales et de la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques, l'aggravation du chômage (+ 6 % en 2003) explique cette évolution. La situation du marché de l'emploi se reflète toujours, avec un léger différé, dans le nombre de titulaires du RMI. La hausse du nombre d'allocataires est significative dans toutes les catégories d'âge. Elle affecte plus particulièrement les hommes de moins de 30 ans, peut-être parce qu'ils ont accumulé moins de droits à l'indemnisation du chômage. La progression des plus de 50 ans confirme aussi la tendance structurelle à l'augmentation de la part de cette classe d'âge parmi les bénéficiaires du RMI.
(1) Il faut ajouter environ 2 % d'allocataires (soit quelque 22 500) dont le dossier est réglé par la Mutualité sociale agricole. Le chiffre exact ne sera disponible que fin avril.
(2) L'e-ssentiel n° 23 - Mars 2004 - Disponible sur