Il est essentiel que, dans les politiques que conduisent les élus, le monde économique ne soit pas la seule référence. Les habitants regroupés en associations contribuent à développer l'animation des territoires et participent à leur vitalité. En outre, alors que la montée des extrémismes pourrait faire écho au repli sur soi, les associations participent à l'émancipation des individus et tentent de remettre dans le jeu social les plus démunis. C'est pourquoi la concertation entre les élus et la société civile organisée est nécessaire (1). Elle va l'être encore davantage avec la décentralisation qui est en marche. Il nous faut donc inventer des liens structurels de proximité garantissant l'inscription des associations dans les procédures de consultation et établir de nouvelles règles du jeu.
Le projet de loi relatif aux responsabilités locales, débattu au Parlement, souligne le rôle consultatif du conseil économique et social régional pour l'ensemble des politiques régionales. Les associations y siègent à côté des autres représentants du monde socio-économique, mais elles n'ont pas de représentation formelle. Nous demandons donc la création d'un groupe « associations » comme au Conseil économique et social au plan national. Cette représentation serait facilitée dans la mesure où le monde associatif a fait ces dernières années un effort d'organisation et que la Conférence permanente des coordinations associatives a déjà ses déclinaisons régionales.
Je l'ai soumise au Premier ministre, le 10 mars, lors de l'installation du CNVA. Nous allons la reprendre dans le cadre du groupe de travail que le conseil va initier pour réfléchir à la place des associations dans le nouveau paysage décentralisé. Je crois que les conseils régionaux ignorent souvent la dimension politique des associations et l'importance de leur rôle pour faire vivre une véritable démocratie participative. Elles sont le plus souvent écartées des processus de concertation et fréquemment considérées comme de simples prestataires de services. Elles permettent pourtant la prise en compte de besoins peu ou mal couverts dans les grandes thématiques régionales du transport, du logement ou de l'emploi.
Une dimension hélas méconnue. Les élus, comme les pouvoirs publics en général, ignorent souvent l'employeur associatif. Avec 145 000 associations qui rémunèrent 1 650 000 personnes- soit près de 5 % des salariés -, ce secteur est pourtant celui qui a créé le plus d'emplois ces dernières années. Il participe en outre à la mise en œuvre des mesures pour l'emploi (CES, CEC, contrat d'insertion dans la vie sociale). Les conseils régionaux pourraient, dans leur stratégie de lutte contre l'exclusion, s'appuyer sur l'expérience des associations en matière d'insertion sociale et professionnelle.
C'est effectivement une forme de reconnaissance par l'Etat des employeurs de l'économie sociale. Mais il faut aller plus loin en ouvrant le dialogue social aux employeurs associatifs. C'est un chantier d'avenir.
Nous avons pris acte des dispositions de la loi relative au mécénat. Mais il convient de souligner le caractère indispensable du financement public qui consacre la reconnaissance du rôle des associations, notamment dans la prise en compte de l'intérêt général. Propos recueillis par Isabelle Sarazin
(1) Le CNVA compte désormais six représentants des associations d'élus des régions, des départements et des communes.
(2) Frédéric Lefret, président de l'Association des employeurs de l'économie sociale, au titre des personnalités qualifiées.