Grosses chaleurs en été, m aigres crédits toute l'année. » Décidément, la circulaire Falco du 10 février dernier demandant que chaque maison de retraite soit équipée d'une pièce rafraîchie avant l'été (1) passe très mal auprès des professionnels. Pour de nombreuses raisons que l'Association des directeurs d'établissements d'hébergement pour personnes âgées (Adehpa) (2) a rappelées le 16 mars : outre son absence de financement, la mesure n'est le fruit d'aucune concertation (au contraire, beaucoup s'étaient déjà montrés sceptiques sur son aspect prioritaire lors de la consultation qui a suivi la canicule) ; elle n'a pas été précédée du bilan thermique et climatique indispensable dans chaque établissement ;elle est trop tardive pour laisser le temps d'effectuer les études techniques, les appels d'offres et les travaux (3) ; enfin, elle est « secondaire » par rapport au retard de bien des établissements dont « 20 % ne répondent pas aux normes de sécurité et 5 % devraient être immédiatement fermés ». Seul un très petit nombre de maisons de retraite seront équipées l'été prochain, mais la circulaire permettra de désigner les coupables : les directeurs, s'inquiète l'association, manifestement secouée par la récente mise en examen musclée de l'un des siens à Reims (4).
Dans un secteur qui travaille « en sous- effectif permanent », l'Adehpa réclame fermement « du personnel avant les climatiseurs », comme le résume son président, Pascal Champvert . Elle formule 15 propositions en ce sens, dont l'application du plan « Vieillissement et solidarités » en deux ans au lieu de cinq, la pérennisation des emplois-jeunes, le recrutement de trois personnels saisonniers supplémentaires en juillet et août dans chaque établissement, l'instauration de ratios de six à dix salariés pour dix personnes âgées (selon leur degré de dépendance) au lieu de quatre aujourd'hui.
Or pendant ce temps, s'indigne Pierre Montaville, directeur d'un établissement parisien, la circulaire budgétaire 2004- « une véritable provocation » - fixe le taux d'augmentation des crédits à 1,54 %, « ce qui ne permet même pas de maintenir les effectifs en place ! »
« Le non-fait et le non-dit sont aussi une forme de maltraitance », rappelle Roger Viraud, directeur dans l'Indre. Lui comme ses collègues ne veulent plus « rester les discrets complices du système », ni formater leurs demandes à ce que les directions départementales des affaires sanitaires et sociales se préparent à leur accorder. L'Adehpa suggère donc à ses membres d'engager autant que nécessaire des recours devant le juge de la tarification et se promet de rendre publiques toutes les pressions qui s'exerceront sur eux. M.-J. M.
(1) Voir ASH n° 2347 du 20-02-04.
(2) Adehpa : 3, impasse de l'Abbaye - 94100 Saint-Maur - Tél. 01 55 12 17 24.
(3) Selon Hubert Falco, pour climatiser une pièce, il suffit de trois jours et de 15 000 €, que les établissements peuvent dégager sur leur budget.
(4) Voir ASH n° 2331 du 31-10-03 et les réactions de deux directeurs dans le n° 2349 du 5-03-04.