« Améliorer concrètement les conditions d'exercice des droits des étrangers en zone d'attente. » Tel est bien, pour l'Association nationale d'assistance aux frontières pour les étrangers (ANAFE) (1), l'objectif de la convention qu'elle a signée le 5 mars avec le ministère de l'Intérieur, l'autorisant à tenir une permanence juridique dans la zone d'attente de l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. La convention déjà passée en octobre dernier avec la Croix-Rouge (qui doit prochainement remettre son rapport à Nicolas Sarkozy) portait, elle, sur une intervention humanitaire et de médiation (2).
Par ce texte, élaboré au bout de deux ans de négociations, l'ANAFE se voit confier, à titre expérimental, pour une durée de six mois, une mission d'assistance juridique aux étrangers non autorisés à entrer sur le territoire ou demandeurs de leur admission au titre de l'asile. Une équipe de 10 à 15 personnes sera habilitée à intervenir en permanence dans le lieu d'hébergement de la ZAPI 3. Quant à l'accès de l'association aux aérogares, il sera limité à deux visites par semaine, effectuées par deux personnes au maximum, accompagnées d'un fonctionnaire de la police de l'air et des frontières. Une réserve que l'association compte faire lever par la suite, grâce au « climat de confiance mutuelle » déjà amorcé, précise-t-elle.
« Nous avons encore de nombreuses préoccupations », a cependant souligné, devant Nicolas Sarkozy, Hélène Gacon, présidente de l'ANAFE, lors de la signature de la convention. Elle a rappelé « la chute drastique du nombre des admissions des candidats à nos frontières au titre de l'asile » et « la multiplication des moyens destinés à dissuader, voire empêcher, l'arrivée sur notre territoire de personnes dont la détresse est souvent grande ».
Le ministère de l'Intérieur a quant à lui indiqué que le nombre de personnes non admises sur le territoire français à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle a chuté de 18,7 % en 2003, passant de 22 786 à 18 524, tandis que le nombre de demandes d'asile a diminué de 24 % (5 912, contre 7 786 en 2003). Moins de 100 étrangers seraient maintenus chaque jour en ZAPI 3 depuis juillet 2003, contre plus de 400 au début de la même année. Le fruit, selon le numéro deux du gouvernement, d'une « politique déterminée de lutte contre l'immigration clandestine », qui s'est notamment traduite par l'organisation de « retours groupés », le rétablissement d'un visa aéroportuaire pour certains pays et la généralisation des contrôles « en porte d'avion ».
(1) ANAFE : 21 ter, rue Voltaire - 75011 Paris - Tél. 01 43 67 27 52.
(2) Voir ASH n° 2328 du 10-10-03.