Cette fois, c'est le président d'une association gérant des foyers pour mineurs qui tire la sonnette d'alarme. Dans une lettre adressée le 19 février au préfet de l'Essonne, ainsi qu'aux élus et parlementaires d'Ile-de-France, Jean-Yves Thobois, président de l'association RPC Coquerel (1), manifeste « sa vive inquiétude face aux nouvelles mesures législatives adoptées en direction des mineurs isolés et des jeunes majeurs étrangers » accueillis dans certains de ses établissements. Plus d'une dizaine de ces jeunes, explique-t-il, ne peuvent plus prétendre à la nationalité française parce qu'ils ne justifieront pas d'une prise en charge de trois ans par l'aide sociale à l'enfance (ASE). Peu de chance donc, pour eux, de pouvoir s'engager dans un parcours éducatif et d'insertion sur le long terme. « Comment se situer face aux contradictions d'un système de loi qui, d'une part, reconnaît et défend le droit à la protection des mineurs isolés, donne des moyens à des associations telles que la nôtre de les accompagner au quotidien dans un objectif d'intégration sociale et, d'autre part, nous demande de les préparer à la clandestinité et à l'errance ? », s'interroge le président.
Dans d'autres départements, des éducateurs passent également à l'offensive. Après ceux des Hauts-de-Seine et de la Moselle (2), des salariés participant aux missions de l'ASE du Rhône font circuler une pétition rappelant qu'ils ont avant tout « mission d'accompagner les jeunes en souffrance » (3). La députée maire de Nanterre, Jacqueline Fraysse (PC), a interrogé le ministre de la Justice sur ce sujet, dans une question écrite à l'Assemblée nationale (4). A ce jour, aucune réponse n'a été publiée.
(1) RPC Coquerel : Immeuble l'Européen - 98, boulevard des Champs-Elysées - 91042 Evry cedex - Tél. 01 60 91 76 00.
(2) Voir ASH n° 2341 du 9-01-04 et n° 2346 du 13-02-04.
(3) Contact :
(4) Parue au J.O.A.N. n° 2-03-04.