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Contre la « casse » du travail social

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Le projet Sarkozy sur la prévention de la délinquance a fait éclater la colère des professionnels de l'action sociale. Le 17 mars, qui promet d'être une journée de mobilisation sans précédent, catalysera toutes leurs inquiétudes.

Dans l'esprit des travailleurs sociaux, la date du 17 mars prochain résonne comme un rendez-vous qu'ils espèrent salutaire pour l'action sociale. C'est ce jour-là que les éducateurs, les assistants de service social, et tous les professionnels qui interviennent auprès des familles et de l'enfance, ainsi que les magistrats, appellent à manifester, à Paris et en région, contre les atteintes aux fondements et à la déontologie du travail social.

Le protocole liant l'Association départementale savoyarde de sauvegarde de l'enfance et de l'adolescence à la police a mis le feu aux poudres, alors que commençait à circuler l'avant- projet de loi sur la prévention de la délinquance. Ce dernier, qui n'a toujours pas été présenté - il est encore à l'étude, selon le ministère de l'Intérieur -, prévoit de transformer les maires en coordonnateurs de la prévention de la délinquance et en dépositaires d'informations détenues par les travailleurs sociaux sur les « personnes présentant des difficultés sociales, éducatives ou matérielles ».

« Ce projet anéantit par des amendements le code de l'action sociale et des familles [...]. Il stigmatise les populations les plus fragilisées déjà confrontées aux incidences des politiques sociales de ces 20 dernières années », s'insurge le Collectif de prévention spécialisée d'Ile-de-France. Mais ces coups de boutoir sont aujourd'hui dénoncés d'une seule voix par l'intersyndicale qui appelle à la manifestation du 17 mars (1). Un appel auquel se sont déjà ralliés d'autres acteurs : Education et société, l'Association nationale des assistants de service social  (ANAS) (qui vient de décrocher un rendez-vous avec Nicolas Sarkozy), une quinzaine de centres de formation de travailleurs sociaux constitués en collectif et, dans plusieurs régions, les étudiants mobilisés « contre la casse du travail social ». Après hésitation, le Comité national de liaison des associations de prévention spécialisée  (CNLAPS) a même fini par rejoindre cette démarche venue des salariés. A son initiative, une coordination inter-associative composée d'une dizaine d'organisations (2) invite « les associations et l'ensemble des acteurs éducatifs et sociaux à s'opposer aux orientations de dispositions législatives de cette nature ».

Le projet Sarkozy est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Introduction de nouveaux délits visant déjà certaines situations sociales avec la loi pour la sécurité intérieure, réforme de l'ordonnance de 1945 avec la première loi Perben, précédentes tentatives de contournement du secret professionnel, incertitudes sur la protection des mineurs étrangers après le vote de la loi sur l'immigration... Depuis deux ans, nombre de mesures sont venues accentuer la perte des repères professionnels des travailleurs sociaux.

Ainsi l'inquiétude s'étend à tous les champs de l'action sociale. En octobre prochain, les états généraux lancés à l'initiative de Jacques Ladsous, qui avait anticipé l'urgence pour les travailleurs sociaux à reconquérir le sens de leurs missions, marqueront un nouveau point d'orgue de la mobilisation. De son côté, la Conférence permanente des organisations professionnelles du social lance un « appel national de défense du travail social ».

Le Conseil supérieur du travail social enfin, que l'on a longtemps soupçonné de somnolence, a adressé le 8 mars un courrier à François Fillon, pour l'alerter sur le risque de dévoiement du travail social lié aux intentions de la place Beauvau. Un signal fort et sans précédent. A la hauteur des questions que se posent aujourd'hui les professionnels.

Maryannick Le Bris

Notes

(1)  CGT (services publics, santé action sociale, recherche culture, union affaires sociales, Collectif confédéral chômeurs),  SNUAS-FP/FSU, SNU-CLIAS-FSU, Snepad-FSU, SNPES-PJJ-FSU, Snutefi-Insertion-FSU, Coordination des étudiants en travail social, les collectifs de prévention spécialisée, Syndicat de la magistrature, SUD (Santé-sociaux, collectivités territoriales, protection sociale), Syndicat national des médecins de PMI, Union syndicale G10 Solidaires.

(2)  Centre de formation et de recherche en travail éducatif et social à Arras, ANAS, ANIT, Association nationale des placements familiaux, « 7-8-9 vers les états généraux du social », Cemea, Cnaemo, CNLAPS, CPO, Education et société, Fn3S.

LE SOCIAL EN ACTION

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