La réforme de l'aide médicale de l'Etat (AME) envisagée par le gouvernement (1) ne fait pas l'unanimité y compris dans les rangs de la majorité. Alors qu'on attend toujours la parution des décrets devant restreindre l'accès à cette aide (2), la députée (UMP) du Val-de-Marne et rapporteure spéciale à la commission des finances, Marie-Anne Montchamp, réunit régulièrement depuis deux mois un groupe de travail pour plancher sur des pistes « alternatives » de réforme. Et ce, sous l'œil bienveillant de François Fillon, à qui la parlementaire compte remettre ses propositions d'ici au mois de mai. Composé de représentants du monde médical, de l'administration et de personnalités du monde associatif et universitaire, son « groupe référent » réfléchit notamment à la manière de « mieux prendre en compte les spécificités des publics concernés » . Car si l'AME s'adresse principalement à une population - les étrangers sans papiers -, les problématiques ne sont pas les mêmes « selon qu'ils sont par exemple demandeurs d'asile ou travailleurs clandestins », estime la députée. Ainsi, pour elle, un dispositif unique n'est pas forcément le plus adapté car « on ne peut pas raisonner sur une population globale ». Marie-Anne Montchamp estime également important de réserver une place aux associations dans le dispositif. « Leur rôle est déterminant, car elles établissent une médiation indispensable entre l'individu et le système soignant. »
La publication des décrets controversés est-elle pour autant remise en cause ? La députée a, en tout cas, demandé au ministère des Finances de ne pas les faire paraître avant la fin de ses travaux.
(1) Rappelons que le gouvernement a annoncé en octobre dernier une réforme d'ensemble de l'AME reprenant pour l'essentiel celle déjà prévue dans la loi de finances rectificative pour 2002 et dont l'application avait été jusqu'alors suspendue sous la pression des associations - Voir ASH n° 2327 du 3-10-03.
(2) Les projets de décrets ont d'ailleurs été rejetés à l'unanimité par le conseil d'administration de la caisse nationale d'assurance maladie le 24 février. La veille, ils avaient essuyé de nouveau le feu des critiques du monde associatif - Voir ce numéro.