Dans un avis remis en janvier à Jean-Louis Borloo (1), le Conseil national des villes (CNV) a voulu attirer l'attention des ministres de la Ville et de l'Education nationale, et de l'ensemble des pouvoirs publics concernés, sur la « nécessité de repenser les modalités de l'action éducative dans les zones urbaines sensibles ». L'instance est en effet convaincue que « la politique de la ville, en tant que démarche partenariale visant à promouvoir la cohésion territoriale [...], a un rôle important à jouer en matière de réussite scolaire et d'éducation ». D'une part parce que « la problématique scolaire et les problématiques sociale et urbaine sont étroitement imbriquées ». Et d'autre part parce que la politique des zones d'éducation prioritaire est aujourd'hui « à bout de souffle » et reflète « un manque de coordination des politiques de lutte contre les exclusions au plan local ».
Le CNV identifie en fait trois enjeux, déclinés en une vingtaine de propositions. Il considère tout d'abord qu'il faut placer l'éducation au centre des projets de territoire. Il devient ainsi, pour lui, de plus en plus urgent d'intégrer la question éducative dans la stratégie de requalification des territoires les plus abandonnés, de « penser l'avenir de l'école dans les termes et en lien avec le renouvellement urbain » (mixité sociale, qualité du logement, tranquillité publique, qualité du service public, etc.). Dans cette optique, il suggère que la question éducative soit intégrée dans le fonctionnement opérationnel de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine, créée l'an dernier par la loi Borloo (2) et dont l'organisation administrative ainsi que le régime financier et comptable viennent d'être fixés par décret (3).
Le conseil insiste également sur la nécessité de développer les partenariats éducatifs. Il propose, dans ce cadre, d'instaurer des stages « villes » obligatoires dans le cursus de formation des enseignants et personnels d'encadrement. L'idée étant de permettre aux futurs personnels de l'Education nationale de se sensibiliser à la problématique de l'éducation en milieu difficile et au fonctionnement concret des projets éducatifs locaux.
La politique de la ville devrait enfin « mieux participer au repérage, à la promotion et à l'évaluation des expérimentations éducatives menées au plan local ». Le conseil préconise notamment la création dans chaque département d'un « Fonds interministériel pour l'innovation et l'expérimentation éducative » . Placé sous l'autorité du préfet, ce fonds mutualisant les crédits « éducatifs » déconcentrés des différents ministères serait destiné à financer de façon provisoire des actions éducatives jugées innovantes, à les évaluer, puis à prévoir les conditions de leur pérennisation par le droit commun.
(1) Politique de la ville et éducation : quels enjeux pour l'avenir ? - Avis et propositions du CNV - Janvier 2004 - Disp. sur le site
(2) Voir ASH n° 2321 du 22-08-03.
(3) Décret n° 2004-123 du 9 février 2004, J.O. du 11-02-04.