Difficile encore de savoir si les éducateurs de prévention spécialisée de l'Association départementale savoyarde de sauvegarde de l'enfance et de l'adolescence (Adssea) obtiendront, comme ils le souhaitent, le retrait du protocole d'accord signé le 21 novembre dernier entre le conseil général, leur employeur, la préfecture et la police (1). Toujours est-il qu'après leur mobilisation sans relâche, largement soutenue au niveau national, le conseil d'administration de l'association a demandé à l'Union nationale des associations de sauvegarde de l'enfance et de l'adolescence (Unasea) de jouer les médiateurs. Laquelle a rencontré successivement, les 29 et 30 janvier, les professionnels et les signataires du protocole.
Si les éducateurs ont bien rappelé leur refus d'un accord signé sans concertation, relate l'Unasea, ils ont en revanche exprimé leur conviction « que le partenariat, en matière de prévention spécialisée, est un élément nécessaire » déjà mis à l'œuvre dans les « chartes d'objectifs » qui existent dans certaines communes et « confirmé leur volonté d'inscrire leur action dans un cadre réfléchi, expliqué et évalué ». Le vice-président du conseil général délégué à l'éducation, au sport et à la jeunesse a quant à lui souhaité que soient instaurées « de vraies procédures de définition d'objectifs, d'analyse et d'expertise de la vie des territoires, d'évaluation des moyens mis en place, en précisant qu'en aucun cas il ne s'agit de transformer les éducateurs en auxiliaires de police ».
L'Unasea indique par ailleurs qu'une convention définissant les relations entre le conseil général et l'association devrait prochainement être étudiée. « Après concertation avec les professionnels du service », l'association devrait examiner avec le département « les aménagements et précisions qui pourront être apportés au protocole afin de lever toute ambiguïté quant à ses objectifs ». Finalement, conclut l'Unasea, cette affaire révélerait davantage « la conséquence d'une absence de gestion de la relation indispensable entre la direction d'une association et les professionnels de cette dernière qu'une mise en cause de la mission de prévention spécialisée par une collectivité territoriale ».
Reste que les éducateurs, eux, sont loin d'être rassurés. « Nous sommes prêts à accepter comme porte de sortie un document contractuel entre l'association, le département, les communes et les partenaires locaux, qui rappelle les principes et les missions de la prévention spécialisée, commente Christophe Milot, éducateur syndiqué à SUD. Mais nous souhaitons que la question de la délation soit définitivement évacuée et que le protocole soit abrogé. »
Autre point d'achoppement : la convention évoquée par l'Unasea porterait sur les relations entre le département et l'association, mais aussi sur « le cadre des concertations nécessaires pour prévenir les situations mettant en danger les mineurs ou leur environnement », notion trop équivoque aux yeux des professionnels. La question de l'évaluation, elle aussi, pose problème : « elle ne peut être individuelle, ni porter sur le risque de délinquance dans un quartier, ajoute Christophe Milot. Evaluer des actions auxquelles nous participons, comme le soutien scolaire, c'est en revanche possible. »
M. LB.
(1) Voir ASH n° 2336 du 5-12-03.