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« Le travail social n'est pas un outil de régulation sociale »

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Après deux jours de séminaire, l'association « 7-8-9 vers les états généraux du social » a tenu son assemblée générale, le 31 janvier, à Paris. L'occasion de faire le point sur le mouvement dans un contexte bousculé par la prochaine étape de la décentralisation. Rencontre avec François Astolfi, vice-président de l'association (1).
Où en est-on du mouvement ?

Le mouvement des états généraux a été lancé à partir du constat que le travail social allait mal. Tout ce qui remonte du terrain à travers les groupes de travail, les discussions, les centaines de communications adressées au Cedias, confirme la justesse du diagnostic et la nécessité de se mobiliser tous ensemble : usagers, professionnels, personnes intéressées pour provoquer un changement… On en arrive même à des situations où certains conseils généraux demandent à des travailleurs sociaux de signaler au juge, sous couvert de prévention, des jeunes non connus des services de police mais susceptibles de poser problème. On n'aurait jamais imaginé cela il y a 20 ans !

Comment expliquer cette évolution ?

Je crois que la société a cessé, depuis plusieurs années, de réfléchir à ce qu'elle est et à son projet. Les employeurs ont tendance à considérer les travailleurs sociaux comme des gestionnaires de dispositifs, des techniciens comme les autres. Le travail social est ramené à un outil de régulation sociale dans un contexte où la contrainte économique pèse fortement sur le social.

Comment, dans ces conditions, les professionnels accueillent-ils la deuxième décentralisation ?

Cette idée a été débattue pendant les deux jours de séminaire. Si les points de vue sont divisés, la majorité des participants se réfère quand même à un Etat centralisé dans un souci d'unicité de traitement et d'égalité. Ce qui amène un autre débat : comment éviter que l'acte de travail social soit sous pression directe du politique, de l'économique ou du religieux ? Certains ont évoqué la constitution d'une charte, d'un conseil de l'ordre, d'un dispositif particulier, qui protégerait le professionnel de la contrainte trop forte du mandat de son employeur. Par exemple, si l'on regarde la première réforme de la décentralisation, elle a entraîné la fragmentation de la réponse à l'usager. Avec la fin des conventionnements entre les conseils généraux et d'autres institutions, on a fait disparaître le service social polyvalent et généraliste. Ce qui aboutit à des populations « ping-pong » que les collectivités locales, l'Etat, les organismes de sécurité sociale se renvoient sans cesse parce qu'elles n'entrent pas dans les critères d'accès des dispositifs. Or le travail social se doit de répondre à toute souffrance sociale et s'inscrit justement dans les interstices des dispositifs pour tricoter du lien social. Certains professionnels se voient donc obligés de refuser leur aide à un usager qui le sollicites au motif, par exemple, qu'il n'habite pas dans le département. Ils se sentent piégés par leur mandat. On ne peut pas continuer comme cela.

Ya-t-il d'autres points qui ressortent des débats ?

On a beaucoup discuté de la notion de « consensus » qui apparaît inadéquate pour rendre compte de la nécessaire confrontation des idées ; il faut par contre parvenir à une « cohérence » dans les prises de position. La volonté de ne pas subir, le devoir de révolte, d'indignation ont été également évoqués. Nous avons abordé aussi la notion de « proximité »  qui peut être enfermante et ne résout pas tout. Egalement débattu, le thème de « la République et des communautarismes », l'acceptation de la mixité des populations, n'entraînant pas forcément celle des communautés. Certains ont aussi déploré la disparition de la « planification à long terme », remplacée par les « schémas » trop brefs et parfois vides de contenu...

Quels sont les prochains rendez-vous ?

Il y a un double mouvement : à la base avec des animations locales, la constitution de groupes informels ; au niveau national, avec l'analyse des messages et des documents qui nous arrivent. Une nouvelle assemblée générale aura lieu en juin et il est prévu d'organiser du 18 au 24 octobre « sept jours pour les états généraux » avec des manifestations, des animations en direction des élus et des pouvoirs publics aux niveaux local et national. Mais, il apparaît de plus en plus évident que le mouvement des états généraux ne doit pas s'arrêter là. Il a servi de starter et doit perdurer sous une forme qui reste encore à déterminer. Propos recueillis par Isabelle Sarazin

Notes

(1)  www.789etatsgenerauxdusocial.com

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