« En dehors du changement de partenariat et de l'attribution de moyens par le recteur, l es différences réelles de l'économie du projet entre classes-relais et ateliers-relais apparaissent assez minces. » Tel est le constat dressé par l'inspection générale de l'éducation nationale et l'inspection générale de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche, dans un rapport remis à Luc Ferry et Xavier Darcos sur les dispositifs-relais et l'Ecole ouverte (1). Il est vrai que les différences dans les textes sont assez réduites. Les classes-relais, qui reposent sur un partenariat avec la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), s'adressent aux élèves de collège, « en rejet de l'institution scolaire, s'exprimant soit par des manifestations comportementales, soit par des attitudes d'extrême passivité, de repli et d'auto-dépréciation systématique et un refus de tout investissement réel et durable, mais qui ne relèvent pas pour autant d'un enseignement adapté ou spécialisé ». De leur côté, les ateliers-relais visent le même public, éventuellement des lycéens, et reposent sur un partenariat avec des associations d'éducation populaire (2). Une autre différence tient à la durée de la prise en charge : les modules sont limités à quatre semaines, renouvelables trois fois au maximum, en ateliers-relais, tandis que pour les classes-relais, la durée peut varier de quelques semaines à plusieurs mois sans dépasser une année scolaire.
Les données chiffrées relatives à ces publics témoignent également d'une convergence de ces deux dispositifs - avec des différences à la marge montrant des difficultés des élèves plus profondes dans les classes-relais. C'est en tout cas ce qui ressort d'une étude sur le suivi et le devenir des élèves accueillis en classe-relais pour l'année scolaire 2001-2002 (3) et d'un bilan des ateliers-relais pour 2002-2003 réalisé par le ministère de l'Education nationale. Dans les deux cas, ces structures accueillent massivement des garçons : 81,7 % dans les classes-relais, 80 % dans les ateliers-relais. Les élèves en question sont pour la plupart régulièrement scolarisés (60% en classes-relais, 93 % des élèves en ateliers) et issus dans leur grande majorité du cycle central de l'enseignement général (cinquième et quatrième). Leurs âges sont également similaires - ils sont majoritairement âgés de 13 à 15 ans. Les élèves en ateliers-relais accusent, le plus souvent, un retard scolaire de un an par rapport au reste de la population scolaire, soit inférieur à celui des élèves accueillis en classes-relais pour qui il atteint en moyenne deux ans.
Au-delà, les intéressés ne sont pas tous de simples perturbateurs en difficulté scolaire, mais sont très souvent en difficulté sociale :17 % des élèves accueillis en classes-relais, 15,3 % en ateliers-relais, sont sous mesure administrative et 23 % des élèves en classes-relais (9,9 % en ateliers-relais) sous mesure judiciaire. Toutefois, s'agissant des ateliers-relais, le bilan précise que pour 42,4 % des élèves, aucune information n'est disponible, ce qui conduit à relativiser les chiffres. Enfin, à l'issue de leur séjour, 56 % des élèves reçus en classes-relais et 81,5 % de ceux des ateliers-relais rejoignent le collège. S'agissant des ateliers-relais, les admissions en classes-relais ou dans un dispositif à fort encadrement éducatif représentent respectivement 1,4 % et 1,1 % des sorties.
Ainsi, ateliers-relais et classes-relais sont proches par leur fonctionnement et leur résultat. C'est pourquoi le rapport conjoint des deux inspections juge qu' « une rapide clarification paraît s'imposer ». « Le moment n'est-il pas venu [...] de les unifier ou, à tout le moins, de mieux clarifier leurs spécificités et complémentarités en fonction de publics ciblés ? », s'interroge-t-il. Dans la première hypothèse, il s'agirait, selon les auteurs, de fusionner « purement et simplement les deux concepts » , en élargissant les possibilités de partenariat, les associations d'éducation populaire pouvant intervenir dans les classes-relais, comme c'est déjà le cas dans certaines académies, et la PJJ pourrait être partie prenante d'un atelier-relais. Une seconde voie consisterait à spécialiser les classes et les ateliers pour des publics ciblés. Les premières qui bénéficient normalement des services d'éducateurs spécialisés financés par la protection judiciaire de la jeunesse ou les conseils généraux s'adresseraient aux publics les plus difficiles alors que les ateliers-relais accueilleraient plutôt des jeunes moins marginalisés pour lesquels des techniques d'animation seraient plus profitables.
Plus spécifiquement sur les 26 ateliers-relais ayant fonctionné en 2002-2003 et ayant accueilli 443 élèves, le bilan du ministère n'est pas exempt de critiques. Il constate notamment que la portée des actions mises en place pose question. « En effet, à la lecture de la ventilation des temps consacrés aux enseignements disciplinaires et aux apprentissages de toutes natures, on peut supposer qu'il s'agit d'une succession de prestations, sans lien entre elles, pouvant installer chez les élèves une culture de zapping, préjudiciable à leur mise en activité et à leur réintégration dans le collège dans une posture de réinvestissement durable dans les apprentissages. » Sur le plan organisationnel, l'étude estime que le partenariat avec les mouvements associatifs est « à clarifier ». Toutefois, il souligne que « la coordination [au sein des ateliers-relais] doit être assurée par un personnel de l'Education nationale dans le cadre du suivi et de l'accompagnement du jeune », ce qui « n'exclut nullement la participation des associations, mais il appartient alors à ce coordonnateur de mettre en place les modalités de leur coopération ».
S. A.
(1) Dispositifs-relais et Ecole ouverte - Disponible sur le site
(2) Les ateliers-relais ont récemment été ouverts à de nouveaux partenaires - Voir ASH n° 2343 du 23-01-04.
(3) Voir ASH n° 2340 du 2-01-04.