En trois ans, la proportion des étudiants en difficulté est restée plutôt stable, juge l'Observatoire de la vie étudiante (OVE) dans le rapport 2003 sur la précarité des étudiants (1), qu'il vient de remettre au ministère de l'Education nationale et non encore rendu public. Le document s'appuie sur une enquête réalisée en 2000, actualisant celle de 1997 (2).
Selon l'OVE, la proportion des étudiants demandeurs d'une aide sociale exceptionnelle (critère de pauvreté qu'il retient pour cette population) était de 3,6 %en 2000. Parmi eux, 1,4 %, soit 22 600 inscrits dans l'enseignement supérieur, étaient jugés en situation de pauvreté « grave et durable ». La probabilité de demander une aide sociale exceptionnelle, note l'observatoire, est fortement liée au niveau de revenu de la famille : près de 35 % des étudiants ayant sollicité une telle aide avaient des parents percevant un revenu mensuel inférieur à 1 500 €, contre moins de 16 % pour l'ensemble des étudiants. Parmi les demandeurs, 25 % avaient des parents divorcés ou séparés, contre 17 % pour l'ensemble des étudiants.
« Si les étudiants sont rarement très pauvres, c'est que les très pauvres deviennent rarement étudiants », constate l'OVE. Ainsi, en 2000, la part des étudiants dont le père gagnait au plus 750 € par mois était d'à peine 12 %. Ceux qui exerçaient au moment de l'enquête une activité régulière rétribuée, au risque de compromettre la réussite de leurs études, étaient près de 6 % (86 000 étudiants), contre 4 %en 1997. Mais « le travail ne permet pas de poursuivre n'importe quel type d'études », commente également l'OVE, qui précise que les filières les plus prestigieuses ne sont pas compatibles avec un emploi. En tout état de cause, « les étudiants contraints de travailler par manque de ressources ont rarement accès aux études les plus contraignantes ».
A la lecture de ce rapport, la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE) (3) a estimé que ces conclusions font « douter de l'efficacité des aides sur critères sociaux » et a réitéré sa volonté « de voir le système d'aides sociales entièrement refondé » (4).
(1) Les étudiants en difficulté, pauvreté et précarité - Décembre 2003 - Claude Grignon.
(2) Voir ASH n° 2169 du 2-06-00.
(3) FAGE : 5, rue Frédérick-Lemaître - 75020 Paris - Tél. 01 40 33 70 70 -
(4) Sur la question particulière des aides au logement, voir le rapport Anciaux dans ce numéro.