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Santé mentale, ville et violences

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« Parler de santé mentale en France s'est longtemps résumé à parler de psychiatrie, de soins ou de “conduites déviantes”  (suicide, toxicomanie)  », explique le sociologue Michel Joubert. C'est à sortir de ce « tropisme médical », et notamment d'une représentation du champ dominé par les seules maladies mentales, que participent les contributions réunies dans cet ouvrage, dues à la plume de cliniciens- psychiatres ou psychologues engagés dans des pratiques de secteur ou travaillant en relation directe avec les publics en grande difficulté -, d'ethnologues, de sociologues, d'épidémiologistes et d'acteurs locaux de la politique de la ville. Appréhender les questions de santé mentale sous l'angle de leur intrication avec les déterminants multiples (psychiques, sociaux, culturels, environnementaux) qui concourent aux processus de fragilisation et de déstabilisation des individus, les éclairages fournis - par exemple sur les conduites de déscolarisation ou les tentatives de suicide d'adolescents, sur la violence de certaines relations sociales ou institutionnelles, ou encore sur la dépression, l'alcoolisation ou les passages à l'acte de personnes confrontées à la disqualification et à l'isolement - permet de mieux comprendre les tenants et les aboutissants de détresses mal ou peu prises en compte.

Bien sûr, souligne le psychiatre Jean Maisondieu, dans son acception la plus large de bien-être psychique qui s'étaye sur un état de bien-être physique et social, la notion de santé mentale est très difficile à cerner, car elle n'est pas seulement individuelle mais également interindividuelle. Aussi qui veut promouvoir une politique de santé mentale « se heurte au fait incontournable qu'il n'y a pas de santé mentale “transcendantale” qui serait indépendante du contexte et vers laquelle il faudrait tendre comme vers un idéal ».

A la différence des maladies mentales stricto sensu, tous les autres états de souffrance psychique sont très dépendants de leurs conditions de survenue. Si on peut les soulager par des actions thérapeutiques directement dirigées sur les individus, on peut également les soulager - et peut-être surtout les empêcher d'apparaître en agissant sur le contexte. Ainsi est-il possible de soigner l'anxiété liée à la précarité par des tranquillisants, mais aussi de s'attacher à faire disparaître la précarité pour ne pas avoir à traiter ces états anxieux. En ce sens, estime le praticien, « parler d'une politique de santé mentale fiable, c'est admettre que c'est le politique, plus que le médical, qui détermine la santé mentale ».

Santé mentale, ville et violences  - Sous la direction de Michel Joubert - Ed. érès -25  .

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