Il donne un cadre légal et une sécurité à des pratiques qui ont fait leurs preuves, mais qui n'étaient couvertes jusqu'ici que par des textes réglementaires. C'est une grande avancée qui correspond à la demande des associations. Nous étions néanmoins très inquiets car, lors de la première lecture du texte à l'Assemblée nationale, il n'avait pas été question de la réduction des risques. L'ANIT a mené une démarche collective avec l'Association française de réduction des risques, Aides, Médecins du monde et d'autres, pour que cet amendement soit introduit. Maintenant, je ne vous cache pas que j'aurais préféré que cette question soit abordée dans le cadre de la réforme de la loi du 31 décembre 1970 relative aux toxicomanies. Mais comme celle-ci ne semble plus une priorité et qu'il y avait une fenêtre avec le projet de loi sur la santé publique, c'est plutôt un soulagement.
L'amendement affirme que la politique de réduction des risques relève de l'Etat, ce qui est tout à fait essentiel. Aujourd'hui, faute de base légale, beaucoup de dispositifs reposent sur des cofinancements par nature fragiles et aléatoires. En outre, le texte insiste sur les principes de la gratuité et de l'anonymat de la prise en charge dans les centres d'accueil et d'accompagnement. Ce qui est nécessaire dans un contexte de pénalisation de l'usage des drogues.
Nous aurions souhaité que la réduction des risques soit financée par l'assurance maladie comme le sont les centres de soins spécialisés aux toxicomanes depuis le 1er janvier 2003. Ce qui aurait permis de sortir d'un système de financement très aléatoire. C'est d'ailleurs, depuis longtemps, une demande de la direction générale de la santé. Nous espérons donc que, sur ce point et au nom de la cohérence du dispositif, des négociations puissent avoir lieu ultérieurement.
Le texte indique que les actions de réduction des risques seront menées dans le cadre d'orientations définies par un document national de référence qui sera approuvé par décret. Nous allons donc être très attentifs à ce que celui-ci ne se limite pas à la réduction du risque infectieux. Il ne s'agit pas seulement de donner des seringues aux usagers de drogues mais d'entrer en contact avec eux et de les accompagner. On ne peut pas isoler la réduction des risques de la prévention et des soins.
Au-delà des résultats chiffrés qui sont affichés - baisse sensible du nombre de morts par surdose, diminution des cas de sida déclarés - cette politique favorise l'accès aux soins. L'usager peut être suivi dans l'ensemble de son parcours, y compris pendant ses périodes de consommation. Cette dernière n'est plus un motif de rejet, ce qui permet d'améliorer les rapports de confiance avec les soignants.
D'abord - et depuis plus d'un an maintenant - le plan quinquennal de lutte contre la toxicomanie que doit présenter la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT). Car il y a urgence à définir les orientations des politiques publiques en la matière pour les années qui viennent. Et puis, la fameuse réforme de la loi de 1970 pour laquelle nous sommes toujours en attente des arbitrages du Premier ministre. Mais je crains qu'avec les élections régionales, il n'y ait plus de volonté politique sur un tel sujet. Propos recueillis par Isabelle Sarazin
(1) ANIT : 28, chemin des Moulins - 69230 Saint-Genis- Laval - Tél. 04 78 50 78 50.