Recevoir la newsletter

Une étude balaie « cinq idées reçues sur l'immigration »

Article réservé aux abonnés

« L'immigration n'est pas massive, elle n'est pas majoritairement clandestine, elle n'est ni prolifique ni misérable, et pas davantage insaisissable », affirme le directeur de l'Institut national d'études démographiques (INED), François Héran, dans une étude qui vient d'être publiée (1). Une analyse des données chiffrées de l'immigration dans laquelle il a voulu « dissiper quelques confusions » et tordre le cou aux « idées reçues » qui ressortent régulièrement pour alimenter les discours les plus alarmistes.

Le démographe entend tout d'abord démonter l'image « d'une France en déclin démographique, prise d'assaut par une vague montante d'immigration ». Selon lui, cela fait déjà 25 ans que la France n'est plus un « pays d'immigration massive ». « Elle est devenue au contraire le pays d'Europe où la croissance démographique dépend le moins de l'immigration.  » En l'occurrence de 20 % seulement, contre par exemple 97 % pour l'Italie, 107 % pour la Suède ou encore 150 % pour l'Allemagne.

Deuxième « idée reçue » remise en cause par l'étude, le taux de fécondité de la France serait « largement dû » aux naissances des enfants d'immigrés. Faux, selon François Héran : les femmes immigrées représentent le 1/12 seulement des femmes en âge de procréer et sont donc « trop peu nombreuses pour pouvoir relever sérieusement le taux de fécondité général du pays  » . De plus, « l'image classique de la famille immigrée surchargée d'enfants » ne correspond plus à la réalité. Entre 1991 et 1998, le nombre moyen d'enfants par femme était de 1,72 en métropole pour l'ensemble des femmes et de 1,65 pour les seules Françaises natives. Dans le même temps, l'étude estime que les femmes immigrées ont eu, en moyenne, 2,2 enfants.

Face à ceux qui dénoncent une immigration « innombrable », le directeur de l'INED rétorque qu' « on surestime toujours le nombre de sans-papiers » . La France a régularisé 132 000 immigrés en 1982 et satisfait environ 90 000 demandes sur 130 000 en 1997-1998. « On est loin des opérations de régularisation de très grande envergure qu'ont dû mener l'Espagne, l'Italie et la Grèce ces cinq dernières années, avec des effectifs de demandeurs qui ont parfois excédé le demi-million ».

L'analyste s'attaque également à l'idée selon laquelle « la statistique publique serait impuissante à comptabiliser correctement les immigrés ». Pour lui, les démographes peuvent contourner les difficultés de la statistique en utilisant différentes sources. Il ne nie pas, pour autant, les « flottements » existant en la matière  (l'impossibilité de comptabiliser les clandestins, le flou concernant les retours au pays, mais aussi les déclarations incertaines des familles qui ne savent pas toujours si leurs enfants nés en France sont français de naissance ou s'ils le deviennent à l'âge de 13,16 ou 18 ans), mais ceux-ci sont mineurs, juge François Héran. Et, à ses yeux, ils ne sauraient en tout cas justifier de rendre obligatoire l'enregistrement des immigrés.

Dernier cliché battu en brèche : accueillir l'immigration serait accueillir la « misère du monde ». Les « rares » études existantes font toutes le même constat :sur l'échelle sociale de leur société d'origine, les migrants se situent « rarement au plus bas, et souvent au-dessus de la moyenne ».

Notes

(1)   « Cinq idées reçues sur l'immigration » - INED - Population et sociétés n° 397 - Janvier 2004 - 1,50 € - Numéro pouvant être commandé sur le site www.ined.fr.

LE SOCIAL EN TEXTES

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur