La délinquance en France a reculé de 3,38 % en 2003 par rapport à l'année précédente. La première baisse enregistrée « depuis six ans », s'est félicité Nicolas Sarkozy lors d'une conférence de presse le 14 janvier. Selon les statistiques rendues publiques par le ministre de l'Intérieur, le nombre de faits constatés est ainsi retombé, avec 3 974 694 crimes et délits recensés, sous la barre symbolique des 4 millions, atteinte pour la première fois en 2001 (1).
Motif de satisfaction pour le pensionnaire de la Place-Beauvau, cette « baisse franche de la délinquance » a touché quasiment l'ensemble du territoire - à l'exception de la région Midi-Pyrénées où a été enregistrée une hausse de 0,15 % - et concerné trois des quatre grandes catégories de crimes et délits (2). Le ministre note ainsi un seul « point noir » : l'augmentation de 7,3 % des atteintes aux personnes. Au-delà, il s'est réjoui tout particulièrement du recul de 9 %de la délinquance de voie publique (3), ainsi que de celui de la délinquance des mineurs (- 18,8 %).
Il a, par ailleurs, tenu à souligner que les statistiques avaient été alourdies par les nouvelles infractions issues de la loi du 18 mars 2003 sur la sécurité intérieure (4), prises en compte pour la première fois depuis le 1er avril dernier. Sans elles, la baisse de la délinquance aurait été, selon le ministre, de 3,68 %, au lieu de 3,38 %. « 12 707 nouveaux faits » ont ainsi été constatés. « 10 000 cas » ont concerné des « agressions ou menaces contre les personnes » et « près de 3 000 » les délits de racolage. « 343 prostituées étrangères » ont été expulsées, tandis qu' « une centaine » ont obtenu un titre de séjour après avoir dénoncé leur proxénète. 458 installations abusives sur un terrain privé ou public ont été recensées. Enfin, les regroupements illicites dans les halls d'immeuble, qui avaient fait couler beaucoup d'encre, n'arrivent qu'en 7e position, avec 238 faits enregistrés.
Nicolas Sarkozy a aussi profité de l'occasion pour lever le voile sur sa feuille de route pour 2004. « L'objectif final étant celui fixé par Jean-Pierre Raffarin d'une baisse de 20 % d'ici à 2006 par rapport à 2002 », le ministre entend ainsi réduire la délinquance « de 3 à 4 % » cette année. Et compte, pour ce faire, cibler son action sur « les 20 villes et les 20 quartiers les plus criminogènes » dont la liste est en cours d'élaboration. Il les visitera « dans les trois mois », réunira chaque fois, pour l'occasion, « tous les acteurs », et rendra compte des résultats tous les trimestres. Le ministre de l'Intérieur a également annoncé, en accord « avec Luc Ferry », que la lutte contre les violences scolaires serait l'une de ses priorités. Une présence policière sera ainsi « systématisée », « auprès des établissements scolaires » les plus sensibles. Il a encore indiqué que les violences familiales étaient au premier rang de ses préoccupations pour 2004, sans donner plus de précision sur ses intentions. Il a enfin réaffirmé son « attachement prioritaire à la lutte contre les multi-récidivistes ». Une manière d'enfoncer le clou après avoir déclaré, en décembre dernier, être favorable à une évolution législative « pour que les multi-récidivistes, à un niveau de récidive qu'on définira, soient condamnés plus sévèrement » (5).
(1) Voir ASH n° 2248 du 1-02-01.
(2) Vols, atteintes aux personnes, infractions économiques et financières, autres (dont stupéfiants).
(3) Elle rassemble, pour mémoire, tous les faits de petite et moyenne délinquance qui incommodent le plus les particuliers.
(4) Voir ASH n° 2299 du 21-02-03.
(5) Cette position du ministre de l'Intérieur a suscité les critiques des magistrats ainsi que l'opposition du garde des Sceaux.