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Regards croisés sur « un dispositif inefficace »

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Avec son livre « L'échec de la protection de l'enfance », Maurice Berger a provoqué une levée de boucliers (1). S'il n'est pas le premier à dénoncer les failles du dispositif, la vision du pédopsychiatre engagé, juste sur de nombreux points, manque parfois de recul. D'où l'intérêt de confronter ses propos avec ceux de Pierre Naves, inspecteur général des affaires sociales, autre spécialiste de la protection de l'enfance.

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Bon nombre de rapports ont déjà dénoncé les dysfonctionnements de notre système de protection de l'enfance. Vous, vous le jugez carrément « inefficace » et « souvent nuisible ». Vous le comparez même à un « gigantesque bateau ruineux ». Ce constat n'est-il pas exagéré ?

Maurice Berger : On peut effectivement nuancer mon analyse. On protège assez bien les enfants en situation de risque léger. Sinon, à part les situations dans lesquelles les enfants subissent des sévices ou des attouchements sexuels, plus une situation d'inadéquation éducative est grave, plus les professionnels éprouvent des difficultés. Leurs décisions deviennent de fait aléatoires avec des résultats fréquemment catastrophiques. En l'absence de guide d'évaluation de l'état de l'enfant, les professionnels de la protection de l'enfance ont beaucoup de mal à apprécier la gravité d'une situation. Contrairement au Québec ou à la Grande-Bretagne qui se sont dotés d'outils extrêmement précis, nous sommes incapables en France d'avoir une évaluation adéquate et de mesurer l'ampleur des dégâts.

Pierre Naves : Je suis d'accord avec vous. Oui, le système est inefficace. Oui, il coûte beaucoup d'argent. Et quand on interroge les travailleurs sociaux, ils nous disent qu'ils doivent fréquemment agir dans l'urgence. Souvent, c'est justement parce que la situation n'a pas été bien évaluée. J'apporterai toutefois une nuance à l'image du « gigantesque bateau ruineux » que vous utilisez. Je pense qu'il s'agit plutôt d'une flottille composée des conseils généraux et d'un navire-amiral, l'Etat. Un Etat qui doit se reposer la question de son cap et de sa stratégie en matière de protection de l'enfance.

M. B. : Comprenez-moi bien. Je pense qu'on ne mettra jamais assez d'argent dans la protection de l'enfance. Mais quand je sais que 18 % des budgets des conseils généraux y sont consacrés sans que l'on puisse évaluer les résultats de cet investissement, alors oui, j'affirme que le dispositif est ruineux. Je citerai l'exemple de cet enfant que sa mère ne voulait pas et qui disait que son corps la répugnait. A sept mois, elle demande à être soulagée et son bébé est placé en pouponnière. Mais on lui rend quand même l'enfant alors qu'elle répète qu'elle ne peut pas s'en occuper et elle se met à le taper gravement. Combien le conseil général a-t-il dépensé pour cet enfant souvent placé, puis remis à sa famille ? De plus, lorsqu'il est arrivé dans notre service, il avait été tellement maltraité physiquement et psychiquement que nous avons dû l'hospitaliser pendant deux ans et demi, ce qui a coûté 480 000  € à la sécurité sociale. Et aujourd'hui encore, lorsqu'il a une visite médiatisée avec sa mère, il va tellement mal que nous devons l'hospitaliser la veille pour le préparer psychologiquement. C'est ainsi que chaque visite médiatisée coûte 1 500  €. On comprend bien le coup de colère du psychiatre confronté à des enfants en très grande souffrance dans un service de pédopsychiatrie. Mais votre expérience clinique concerne des cas extrêmes d'enfants élevés par des parents particulièrement défaillants. Peut-on juger à cette aune l'ensemble du dispositif qui doit prendre en charge des enfants maltraités, mais aussi en risque de maltraitance ?

M. B. : Ce que vous évoquez, c'est « le mythe du cas extrême ». Or toutes mes discussions avec les collègues qui sont au front montrent qu'ils sont en permanence confrontés à des situations prétendument rares. Notre petit service a reçu 179 cas de ce genre en 2002. Prenez celui de Carine, il est d'une terrible banalité. Ses parents ne sont ni paranoïaques, ni schizophrènes. Mais son père est absent et sa mère est incapable de lui proposer un minimum d'investissement et ne s'occupe d'elle qu'épisodiquement. Des enfants comme Carine, il y en a des dizaines de milliers. Mais derrière l'apparente banalité des situations, on ne veut pas voir l'impact désastreux et durable de ces parents délaissants sur la vie psychique de ces enfants. Que signifie et que cache cet alibi de rareté ?

Vous êtes particulièrement sévères envers les magistrats de la jeunesse, qui, selon vous, auraient « failli ». Pourquoi une telle charge à leur encontre ?

M. B. : Heureusement, notre dispositif n'est pas nécessairement mis en échec dans tous les cas. Il y a des situations où un travail est possible avec les parents et où les dispositifs d'aide à la parentalité peuvent et doivent être mis en place, si besoin dès la période prénatale. Par contre, notre échec tient à notre incapacité à transformer le système et à faire évoluer les pratiques.

Oui, je trouve anormal qu'il n'y ait pas eu un mouvement des magistrats français pour dire qu'ailleurs - au Québec, en Angleterre, en Italie -, la loi prend beaucoup plus en compte la protection du développement intellectuel et affectif de l'enfant. Les magistrats français devraient être plus exigeants par rapport aux bilans que leurs transmettent certains professionnels et faire évaluer les effets de chaque dispositif qu'ils mettent en place. Pourquoi chaque échec ne fait-il pas l'objet d'une réflexion approfon- die pour comprendre comment on aurait pu l'éviter ?

P. N. : De fait, peu de juges des enfants participent activement à la définition des schémas départementaux de l'enfance. De même, ils ne dialoguent pas suffisamment avec les établissements. Mais la plupart n'ont pas le temps. Ils sont submergés par la vague de dossiers avec, en plus, une pression de leur traitement au pénal. Ils manquent cruellement de greffiers, ils ne disposent pas de moyens adéquats pour se coordonner. Ils sont eux aussi très « maltraités » dans notre pays !

Cependant, peut-être parce que je suis d'un naturel optimiste, je pense que les choses avancent malgré tout. Lors de la publication en 2000 du rapport que j'avais rédigé avec Bruno Cathala et Jean- Marie Deparis sur les accueils et les placements d'enfants (2), beaucoup ont découvert combien notre dispositif de protection de l'enfance marchait mal. Notre étude a quand même permis des avancées sur l'accès au dossier d'assistance éducative. A l'époque, nous avions également demandé que tous les acteurs se mobilisent au sein d'une réflexion collective au niveau départemental et, dans beaucoup d'endroits, cela se fait. J'espère maintenant que les propositions que nous avons présentées en juin, dans le cadre du groupe de travail sur la protection de l'enfance (3) voulu par Christian Jacob, vont permettre d'accélérer les choses. Mais tout cela évolue pas à pas. La surfocalisation sur la délinquance des mineurs et les enfants étrangers isolés a de plus compliqué la réflexion.

Maurice Berger, vous êtes très critique avec les professionnels de la protection de l'enfance. Ils prendraient, selon vous, « des décisions sans repères, à l'aveugle ou suivant leurs états émotionnels »

. Mais ne pensez-vous pas qu'un travail de qualité auprès des enfants et des familles supposent déjà que les services soient dotés de professionnels en nombre suffisant ?

M. B. : On parle beaucoup de la surcharge de travail des professionnels. C'est vrai, mais quand une évaluation est effectuée correctement et qu'elle permet de dégager un projet de prise en charge cohérent, je peux vous dire qu'on y a passé deux heures au début mais qu'après on a la voie dégagée pour les deux ans qui viennent ! Sinon on travaille au radar et il y a surcharge.

Maintenant, comment se fait-il que pour beaucoup de professionnels impliqués, magistrats, inspecteurs de l'aide sociale à l'enfance, éducateurs, pédopsychiatres, l'absence de dispositif d'évaluation ne pose pas problème ? Alors que le Québec vient de mettre au point sa troisième version depuis 1995... Pour moi, la qualité d'un professionnel se juge d'abord par la qualité de son évaluation. Or lorsqu'on demande aux acteurs de la protection de l'enfance comment ils procèdent par exemple pour évaluer l'état d'un bébé, beaucoup d'entre eux se montrent très embarrassés.

P. N. : Tous les rapports officiels et de nombreux professionnels mettent en avant le besoin de disposer de données cliniques, épidémiologiques et pratiques pour agir avec plus d'efficacité. Dans le groupe de travail, nous avons précisé qu'il fallait améliorer à la fois l'évaluation des situations individuelles, celle des modalités de prise en charge et celle des dispositifs départementaux de protection de l'enfance. Sur ces trois niveaux d'évaluation, on reste, comparativement à ce qui se fait en médecine, des « amateurs sympathiques ».

Mais s'il y a une vraie insuffisance en la matière, je trouve quand même certains de vos propos excessifs. Notamment lorsque vous écrivez que « notre dispositif de protection de l'enfance apparaît comme un royaume de beaux parleurs, fiers de discourir sur les articles de loi pendant que tout le monde participe à des meurtres psychiques ».

M. B. : Je suis médecin, et en tant que tel, je n'accepte pas que des décisions inadéquates créent chez les enfants des dégâts psychiques qui peuvent être irrécupérables. Donc tous les débats désincarnés sur les droits de l'enfants et les droits des parents, typiquement français, ne m'intéressent pas. Ce qui m'importe, c'est l'enfant en chair et en os, son état physique et psychique. Je suis comme quelqu'un qui verrait que des traitements existent ailleurs mais qu'on ne les applique pas dans son propre pays. Vous critiquez les magistrats et travailleurs sociaux, mais vous ne dites rien de la faiblesse des moyens des services de pédopsychiatrie qui nuit à la détection précoce des troubles psychiques.

M. B. : C'est vrai que l'on manque cruellement de médecins et que la situation devrait encore s'aggraver dans les dix années à venir. Mais bien avant les effets du numerus clausus, y avait-il beaucoup de pédopsychiatres à s'être vraiment intéressés à la protection de l'enfance ?Même quand on était en nombre suffisant, les collègues ne couraient pas après. C'est tellement complexe et il faut accepter de mettre les mains dans le cambouis.

P. N. : Je suis bien d'accord, les difficultés d'accès à des diagnostics et des soins adaptés génèrent des états pathologiques irréparables pour de nombreux enfants. Dans notre groupe de travail sur la protection de l'enfance, nous avons souligné les efforts importants à mener dans le domaine de la détection et de la prise en charge des troubles psychiques. Et nous avons mis l'accent sur l'urgence de former des pédopsychiatres et des psychologues cliniciens, même si les résultats ne pourront se faire sentir que dans les dix prochaines années.

La critique centrale de votre livre, Maurice Berger, concerne l'acharnement des professionnels à maintenir les liens parents-enfants. Peut-on néanmoins parler d'une « idéologie du lien familial »  ?

M. B. : A force d'être envahi par l'idée du maintien physique du lien avec les parents, nous ne faisons pas confiance à la pensée sur le lien. Je suis très frappé par le fait que, dans d'autres pays, la théorie de l'attachement, largement ignorée chez nous, est au centre de l'enseignement des travailleurs sociaux. Il est tout à fait évident qu'un enfant, dès les premiers mois, noue un lien avec ses parents, qu'il soit sain ou tordu. Il est certain aussi qu'on n'effacera jamais l'image des parents de l'esprit de l'enfant et ce n'est pas notre but. On va donc travailler sur les aménagements de ce lien, mais pas forcément en prenant les choses au pied de la lettre. On peut maintenir les liens d'un enfant avec sa famille sans le maintenir dans sa famille. Un enfant peut penser à ses parents, les voir à certains moments, sans être tout le temps avec eux. Ne pas en tenir compte aboutit fréquemment à repousser le moment d'une séparation inévitable. L'enfant est retiré de sa famille tardivement, mais comme il s'est déjà structuré de manière défectueuse, cette séparation ne le protège plus. Est-ce qu'on agit en fonction d'une indication précise ou d'une idéologie ?

P. N. : L'intérêt pour les théories de l'attachement reste encore effectivement assez limité en France. Les psychiatres et quelques travailleurs sociaux commencent à les prendre en compte. Pendant des décennies, on a considéré l'enfant comme un objet et l'on s'est peu soucié des liens familiaux. Et puis il y a eu un effet de balancier et l'on a redécouvert l'importance de la relation parents- enfant. Mais elle reste appréhendée de façon approximative et l'on confond souvent fréquence des relations, distance géographique et qualité du lien. Et il faut bien reconnaître qu'on en arrive parfois à forcer les enfants, contre l'intérêt de leur développement personnel, à revoir à intervalles réguliers leurs parents. J'ajouterai qu'on oblige aussi quelquefois des parents à revoir leurs enfants alors qu'ils n'en ont pas véritablement envie. Certaines rencontres sont en fait « mises en scène » par les services sociaux au détriment des volontés intimes de ceux et celles qui ne peuvent faire autrement que d'y participer. Faut-il pour autant reprocher aux professionnels de la protection de l'enfance de vivre le placement comme un échec ?

M. B. : Que les choses soient claires. Séparer un enfant est un acte grave et une séparation non justifiée est une injustice et un drame intolérable. Mais une séparation justifiée peut être une chance pour l'enfant, et même pour ses parents. La question n'est pas forcément de séparer plus, mais mieux et au moins mauvais moment. Mais souvent les professionnels ne font qu'appliquer la loi du 4 juillet 1970 sur l'assistance éducative. Celle-ci n'envisage le placement de l'enfant qu'en cas de danger caractérisé. Centrée sur les relations de l'enfant avec ses parents, elle est destinée à sauvegarder les droits des parents, tout en cherchant à protéger l'enfant. Or elle est régulièrement appliquée à travers une idéologie « familialiste ». La question qui revient est alors : « Comment faire pour que l'enfant reste dans sa famille ou y retourne au plus vite, s'il a dû être placé ? » On est passé de l'enfant en danger à la famille en danger.

P. N. : Je crois aussi qu'on n'utilise pas bien d'autres outils qui existent dans le droit français. Nous avons ainsi demandé dans notre groupe de travail que l'on prenne appui sur la loi du 4 mars 2002 sur l'autorité parentale. On devrait développer le recours à la délégation d'autorité parentale et engager une réflexion sur les causes de la très faible utilisation des modalités de transfert de l'autorité parentale, pourtant prévues dans le code civil.

En quoi une modification de la loi de 1970 permettrait, comme vous le suggérez, Maurice Berger, de modifier les pratiques ?

M. B. : La loi structure notre pensée. Aujourd'hui, les professionnels peuvent avoir le sentiment de bien faire leur travail puisque la loi ne permet pas à l'intervenant de s'identifier à la souffrance de l'enfant. Or, tant que ne seront pas introduits dans la loi les termes d' « intérêt de l'enfant » et de « protection de son développement affectif, relationnel et intellectuel »   (5), ce qui implique de pouvoir proposer des liens stables, fiables, solides et sécurisants avec d'autres personnes que les parents biologiques, rien ne changera. Et cette modification de la loi devra impliquer, dans certaines situations, un projet de vie permanent. La création de référentiels d'évaluation, l'amélioration de la formation et- pourquoi pas ? - le doublement du nombre des juges des enfants, ne serviront pas à grand-chose si la loi ne nous oblige pas à changer notre façon de penser.

P. N. : Je partage votre point de vue sur la valeur de référence de la loi. Mais je sais aussi combien les juges des enfants sont attachés à la notion de danger. Et, d'après moi, on ne peut pas faire évoluer la loi contre l'avis des magistrats. C'est pourquoi notre groupe de travail a demandé qu'il y ait d'abord un vaste débat avec toutes les parties prenantes en tenant compte de la difficulté de leurs métiers. Il faudra sans doute en venir à une modification législative, mais je n'ai pas aujourd'hui d'avis tranché sur la question. Comment réagissez-vous, Maurice Berger, à toute la polémique provoquée par votre ouvrage ?

M. B. : Je conviens qu'il peut choquer par son style « frontal ». Mais j'ai voulu montrer combien la situation de la protection de l'enfance est beaucoup plus grave que certains ne le pensent, et tant pis si le miroir est désagréable. Seule une question m'importe : est-ce que ce livre va accélérer la prise de conscience ? Propos recueillis par Isabelle Sarazin

Difficile d'être juge et partie

Pourquoi une telle polémique sur l'ouvrage de Maurice Berger (4)  ? S'il ne fait sur beaucoup de points que reprendre bon nombre de critiques sur un système défaillant, ce livre souffre sans doute de vouloir mêler deux approches difficiles à concilier : l'une centrée sur l'expérience clinique du médecin engagé dans le dispositif de protection de l'enfance ; l'autre qui s'attache à dresser un bilan d'ensemble du système . Et autant la colère du praticien face aux souffrances des enfants qu'il reçoit paraît légitime, autant cette même colère nuit à l'approche distanciée nécessaire à l'analyse du dispositif. Maurice Berger n'est jamais aussi bon que lorsqu'il nous parle de ces enfants ballottés de foyers en familles d'accueil, dans une insécurité psychique permanente, et qu'il récupère très perturbés au service de pédopsychiatrie qu'il dirige à l'hôpital Bellevue à Saint-Etienne, où il s'est spécialisé dans les situations de défaillance parentale. Ce médecin est sans doute un de ceux qui décrit le mieux les désordres psychiques engendrés par des décisions souvent mal évaluées et prises en urgence. Il est également passionnant lorsqu'il nous raconte, à partir de son expérience, comment on peut écouter l'enfant et comment, s'il y a séparation, on peut gérer les contacts avec ses parents dans le cadre de visites médiatisées. Il a enfin le mérite de montrer qu'on peut se donner les moyens d'évaluer les situations avant toute indication. Nul doute que son discours est étayé par une pratique qui a fait ses preuves. Mais là où le pédopsychiatre est moins convaincant, c'est lorsqu'il se lance dans un discours globalisant sur la protection de l'enfance. Bien sûr, il a raison, comme d'autres, de pointer le manque d'évaluation, les ruptures de liens dans les parcours, le manque d'écoute de l'enfant. Et en dénonçant «  l'idéologie du lien familial à tout prix  », par une formule certes provocatrice, il a le mérite d'ouvrir le débat sur les orientations politiques actuelles centrées sur le maintien des liens parents-enfants et la volonté affichée de réduire le nombre de placements. N'a-t-on pas été trop loin dans cette vision idéale de la famille, qui, nous précise Maurice Berger, peut parfois être «  nocive  »  ? Dans quelle mesure une séparation bien préparée n'est-elle pas, dans certains cas précis, une chance pour l'enfant ? «  Le premier droit de l'enfant n'est pas d'être élevé par ses parents, mais de bénéficier d'une figure d'attachement sécurisante qu'il puisse intérioriser pour le restant de son existence », rappelle-t-il. Par contre, le psychiatre est assez irritant lorsqu'il accuse les magistrats de la jeunesse et les formateurs de travailleurs sociaux d'avoir « failli » ou lorsqu'il critique la légèreté des professionnels de l'aide sociale à l'enfance, sans tenir compte des conditions d'exercice de ces professions et de leur environnement. Et en oubliant la crise des services de pédopsychiatrie. De même sa vision reste centrée sur les parents défaillants, «  en situation d'inadéquation éducative », et ne recouvre pas l'ensemble des situations de maltraitance. Enfin, à force de mettre l'accent sur les faillites du système, il laisse croire qu'aucune action innovante n'est menée sur le terrain pour assurer une continuité éducative. En voulant mêler témoignage sur sa pratique et analyse du système, Maurice Berger a réalisé un ouvrage inégal. Juste et bouleversant quand il traduit la révolte du médecin. Partial et parfois outrancier quand il tente de quitter sa blouse de pédopsychiatre pour juger le dispositif de protection de l'enfance. Difficile d'être à la fois juge et partie. I. S.

Notes

(1)  Voir notamment notre rubrique « Tribune libre », dans ce numéro.

(2)   « Accueils provisoires et placements d'enfants et d'adolescents »  - Rapport conjoint de l'inspection générale des affaires sociales et de l'inspection générale des services judiciaires - Voir ASH n° 2177 du 25-08-00

(3)  Qui a présenté 15  « fiches-actions »  - Voir ASH n° 2316 du 20-06-03.

(4)  L'échec de la protection de l'enfance - Ed. Dunod, 2003 - 24  €.

(5)  Ce qui va plus loin que la seule introduction de la notion d' « intérêt de l'enfant » à l'article 375-1 du code civil par la loi sur l'accueil et la protection de l'enfance. Voir ASH n° 2339 du 26-12-03.

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