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Harkis : une étude bat en brèche les idées reçues

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Les discours sur leur sacrifice, non reconnu, pour la France ne reflètent pas la complexité de l'identité des harkis, encore appelés « Français musulmans rapatriés »   (FMR), analyse une étude menée en 2003 pour la direction de la population et des migrations  (DPM), dont une synthèse est publiée par Migrations études   (1). Effectuée à partir des données bibliographiques disponibles sur cette population, cette dernière relève que peu de sources existent sur les conditions de vie des harkis après la fermeture des camps d'hébergement, leur mobilité géographique et sociale ou sur ceux qui se sont « intégrés ».

Plusieurs facteurs expliquent, selon Tom Charbit, chercheur au laboratoire Popinter (Population et interdisciplinarité) de l'université Paris V-René-Descartes et auteur de l'enquête, qu'une partie de cette population se soit rapidement intégrée « au point de disparaître des études et des publics pris en charge par les dispositifs institutionnels », et qu'une autre se soit « progressivement enfermée dans un processus d'exclusion qui n'a jamais vraiment cessé de se renforcer ». Tout d'abord leur catégorie sociale d'origine, la répartition des rapatriés entre les  « lieux de reclassement » s'étant faite selon les niveaux de formation et de qualification : alors que les familles regroupées en hameaux ou cités sont entrées dans un processus d'exclusion favorisé par une logique de ghetto, les harkis « isolés » ont réuni davantage de chances de s'intégrer. A cela s'ajoute, selon Tom Charbit, une politique sociale contradictoire à l'égard de cette population qui vise « l'insertion dans le droit commun par le biais d'organismes et de mesures d'exception prêchant l'intégration, voire au début l'assimilation culturelle, mais en maintenant une grande partie d'entre eux dans un habitat coupé du monde ».

Autre fracture : le clivage entre générations. L'étude pointe qu' « un certain nombre de jeunes issus de l'immigration [reprochent] à la génération précédente de s'être résignée à une position sociale disqualifiée, voire d'avoir pactisé avec la médiocrité ». Tandis que les « anciens » militent pour l'indemnisation de biens laissés en Algérie, un meilleur logement et la libre circulation dans leur pays d'origine, les jeunes revendiquent la coexistence de leur citoyenneté française avec leur culture, mise à mal par des comportements de rejets. « Alors, nécessité faite vertu, ils revendiquent leurs différences, se rapprochent des jeunes immigrés. »

Pour autant, parler de difficultés d'intégration des harkis et de leurs enfants est certainement hâtif, insiste l'auteur. L'échec scolaire et celui de l'insertion professionnelle, s'ils sont réels, notamment pour les populations regroupées, deviennent très relatifs si on les compare à ceux des habitants partageant les mêmes « propriétés », comme l'origine immigrée ; ou à ceux des populations fragilisées dans les villes concernées. « Si l'on se souvient que la population des Français musulmans rapatriés avait, dès le départ, des propriétés sociales plus handicapantes que celles des autres migrants économiques originaires d'Afrique du Nord (très faible qualification professionnelle notamment) et qu'elle s'est, globalement, mieux insérée dans la communauté française, on est conduit à relativiser les constats catastrophiques et récurrents tenus sur cette population », conclut Tom Charbit.

Notes

(1)  Migrations études n° 117 - Octobre-novembre 2003 - Disponible sur www.adri.fr/me/.

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