Intitulé « Europeans Working Together » (Européens travaillant ensemble), le programme du gouvernement irlandais qui prend la tête de l'Union européenne pour six mois s'annonce à la fois plus réaliste et concret que celui de ses prédécesseurs grec et italien (1). Même si sa priorité est d'accueillir, le 1er mai, les dix nouveaux Etats membres (2) et de relancer la conférence intergouvernementale pour conclure une nouvelle Constitution européenne, la présidence irlandaise entend aussi relancer le processus de Lisbonne (3) vers « un modèle européen de développement ». « C'est un moment rempli d'opportunités pour le futur, à condition d'avoir le courage et l'imagination pour les saisir », a assuré Brian Cowen, ministre des Affaires étrangères. Les termes de « lutte contre l'exclusion » et de « protection sociale » ne sont plus tabous. Et l'objectif de « davantage d'emplois de meilleure qualité » ( « more and better jobs » ) est affirmé comme « essentiel pour le développement économique et... les citoyens ». La présidence entend ainsi œuvrer, en lien avec des actions nationales, pour réduire le nombre de personnes en risque de pauvreté et d'exclusion sociale (4) et développer les incitations à l'emploi ( « making work pay » ). Le Conseil européen de printemps, qui se tiendra les 25 et 26 mars à Bruxelles, sera d'ailleurs largement consacré à ces questions.
Concrètement, la présidence veut notamment finaliser la réforme du règlement de coordination de la sécurité sociale, engagée depuis 1999, mettre en place la carte européenne d'assurance santé (5) et boucler la prolongation du programme Daphné II de lutte contre la violence envers les femmes et les enfants (6). En matière de justice et d'affaires intérieures, elle souhaite aboutir à un accord sur les deux textes sur l'asile (7) et proroger le Fonds européen pour les réfugiés pour la période 2005-2009. L'Irlande entend aussi rééquilibrer la lutte contre l'immigration illégale par le « développement d'une politique commune d'immigration » , notamment en progressant sur les directives fixant les conditions d'entrée et de séjour des étrangers pour des motifs d'études, de formation professionnelle, de volontariat et de recherche.
(1) Voir ASH n° 2319 du 11-07-03.
(2) Voir ASH n° 2336 du 5-12-03.
(3) Voir ASH n° 2286 du 22-11-02.
(4) Voir ASH n° 2337 du 12-12-03.
(5) Voir ASH n° 2300 du 28-02-03.
(6) Voir ASH n° 2330 du 24-10-03.
(7) Voir ASH n° 2338 du 19-12-03.