Tandis que le sida continue de progresser dans le monde, le nombre de contaminations ne diminue plus en France.3 000 nouveaux diagnostics d'infection à VIH ont été enregistrés par l'Institut de veille sanitaire entre mars et novembre 2003, dont 56 % dans la seule région Ile-de-France. 64 % des nouveaux cas sont liés à des rapports hétérosexuels, 32 % à des rapports homosexuels et 4 % à l'usage de drogues. Autant de données livrées à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida, le 1er décembre.
Pour le président de la République comme pour Act Up-Paris (1), ces chiffres sont « extrêmement inquiétants ». D'autant, souligne l'association, que le taux de dépistage reste faible :huit fois sur dix, le diagnostic de sida déclaré tombe sur des personnes qui ignoraient leur séropositivité. Alors que le ministère de la Santé annonce la reconduction des crédits aux associations à hauteur de 64 millions d'euros et une campagne radio-télévisée sur le thème « Et si le préservatif était un produit comme les autres ? », l'association réclame des actions de prévention et de réduction des comportements à risques beaucoup plus massives, plus explicites et plus ciblées.
Sur les femmes par exemple, qui représentent désormais 42 % des nouveaux cas connus. Le Mouvement français pour le Planning familial (2) dénonce le fait que, « dix ans après sa mise sur le marché, le préservatif féminin reste inconnu de la majorité de la population, difficile à se procurer et d'un prix inabordable ». Et réclame l'amplification des actions de prévention adaptées.
Autre fait établi : la moitié des contaminations hétérosexuelles touche des personnes originaires d'Afrique sub- saharienne. Le ministère de la Santé vante le dispositif d'information et de dépistage mis en place à l'égard des migrants qui « contribue à une prise en charge satisfaisante ». Pourtant, l'Observatoire du droit à la santé des étrangers (3) dénonce « le durcissement généralisé des pratiques de régularisation des étrangers malades ». Il a déjà recensé dix cas avérés de renvoi en Afrique de malades censés pouvoir y accéder à « un traitement approprié » ! Alors que, selon l'Onusida, 30 000 personnes y bénéficient d'antirétroviraux, sur 28 millions de personnes infectées. L'observatoire demande une réunion d'urgence entre les administrations concernées.
Dans l'opinion aussi, beaucoup reste à faire. Près de deux personnes séropositives sur trois déclarent avoir été victimes de stigmatisation, au travail, dans leur entourage familial, amical ou même médical, selon une enquête de Sida info service (4). Les autres... ont préféré cacher leur état.
(1) Act Up-Paris : BP 287 - 75525 Paris cedex 11 - Tél. 01 49 29 44 75.
(2) Mouvement français pour le Planning familial : 4, square Saint-Irénée - 75011 Paris - Tél. 01 48 07 29 10.
(3) C/o GISTI : 3, villa Marcès - 75011 Paris - Tél. 01 43 14 84 84.
(4) Sida info service : Immeuble Pierre Kneip - 190, boulevard de Charonne - 75020 Paris - Tél. 01 44 93 16 16.