La fonction est née, il y a une dizaine d'années, de l'animation populaire. Actuellement, il s'agit de se séparer de sa forme traditionnelle : le but n'est plus d'amuser les personnes âgées, mais de fournir des réponses adaptées aux besoins et aux attentes collectives et individuelles, de leur permettre de reconstruire leur vie sociale dans le cadre de leur projet de vie, de restaurer leur estime de soi. Or il n'y a pas aujourd'hui d'unité de réflexion sur le sujet. C'est pourquoi ces états généraux visaient à reconnaître la place fondamentale de l'animation auprès des personnes âgées, à définir son identité professionnelle et à fixer ses objectifs par une charte.
Les établissements qui ont accordé de l'importance à l'animation mais manquaient de moyens l'ont confiée à des emplois-jeunes, qui ne sont pas forcément les moins compétents. Néanmoins, nous estimons que pour mettre en place une animation décente avec des personnes qualifiées, des moyens matériels et un travail d'information nécessaire auprès des familles, il faudrait que chaque établissement consacre à cette fonction au moins 0,5 % de son budget. A la suite du rapport Hervy, le secrétaire d'Etat aux personnes âgées a annoncé une réflexion sur le financement de l'animation et sur la mise en place d'un brevet professionnel spécialisé. Cela est très encourageant.
Cinq ateliers ont travaillé ces dix derniers mois sur ses différents chapitres, discutés et validés par les professionnels lors des états généraux avant d'être finalisés. Ils portent sur la définition et la conception de l'animation en gérontologie, ce qu'en attendent les personnes âgées, le rôle des animateurs, les interactions avec les autres disciplines gérontologiques et la déontologie professionnelle. Etablissements et animateurs auront ainsi des engagements à respecter.
Parce que l'animation ne peut plus naître du seul sentiment de bien faire. Il faut fixer des objectifs thérapeutiques, sociaux et culturels individualisés, avec une évaluation à la clé pour reconsidérer au fil du temps les besoins de la personne âgée.
En quoi les autres intervenants en gérontologie poursuivent-ils des objectifs sociaux ? Parce que sa spécificité est d'insérer socialement la personne âgée, nous souhaiterions que l'animateur coordonne les pratiques sociales des autres professionnels. Aujourd'hui, celles-ci sont peu lisibles, elles manquent d'efficacité.
Il est vrai que nous sommes loin d'avoir un animateur par établissement et peu nombreux sont ceux qui ont compris le vrai sens de l'animation. Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir mais je suis très optimiste : cette charte, qui était inconcevable il y a cinq ans, lorsqu'il n'y avait pas encore une réelle prise de conscience de la solitude de la personne âgée, ne peut que remporter l'adhésion désormais. Bien sûr, nous ne pourrons que la recommander fortement et assurer une mission de veille sur son application. Mais si l'animation est financée, la charte pourra difficilement être contournée. Propos recueillis par Maryannick Le Bris
(1) Voir ce numéro.
(2) Directeur de l'Institut de gérontologie de l'Ouest et, entre autres, co-auteur avec Bernard Hervy de Animer un établissement pour personnes âgées.