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Les chômeurs pauvres et les aides aux familles sous la loupe de l'INSEE

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Début 2003, le revenu disponible des ménages est en diminution, sous l'effet de la hausse des prélèvements fiscaux et du ralentissement des prestations sociales perçues par les ménages. Par contre, en 2002, le pouvoir d'achat des Français avait progressé de 1,9 %, malgré la décélération de la croissance, du fait du « dynamisme des transferts sociaux ». Parmi ceux-ci, la baisse de l'impôt sur le revenu est entrée en ligne de compte, mais aussi l'augmentation très nette des prestations sociales (+ 5,1 %), avec la création de l'allocation personnalisée d'autonomie, la revalorisation des retraites et (points moins positifs) l'envolée des indemnités de chômage et de maladie. Tel est l'un des points saillants du dernier « portrait social » de la France dressé par l'INSEE (1).

La pauvreté en baisse

Tous les chiffres ne sont malheureusement pas aussi frais. C'est ainsi que l'institut décèle une « baisse légère de la pauvreté relative », mais pour les années 1996 à 2000 (2). Dans un contexte où le niveau de vie moyen de l'ensemble de la population s'est accru de 7,5 %, l'évolution a, en effet, été plus forte aux deux extrémités de l'échelle des revenus. Pour les 10 % de personnes ayant les plus bas revenus, la hausse a atteint 9,2 %. Le taux de « pauvreté monétaire » a ainsi légèrement diminué. Il est passé de 7,2 % à 6,5 % si l'on place le seuil à 50 % de la médiane des niveaux de vie, et de 13,5 % à 12,7 % avec un seuil à 60 %. Ce qui représentait, en 2000, 3, 7 millions de personnes pauvres suivant le premier mode de calcul et 7,3 millions avec le second.

Parmi les personnes les plus pauvres, toutes les catégories n'ont pas connu la même évolution. Si le nombre des actifs a nettement diminué, celui des inactifs est resté quasiment stable. A y regarder de plus près, le nombre de chômeurs pauvres a décru, celui des « travailleurs pauvres » également, alors que le nombre de retraités pauvres a, lui, augmenté.

Dans une période marquée par la baisse de 15 % du nombre des chômeurs, l'INSEE a regardé de près l'impact du phénomène sur les « chômeurs pauvres ». Elle a vérifié que le taux de retour à l'emploi est directement lié à l'âge et passe de 54 %chez les moins de 30 ans à 9 % chez les plus de 55 ans. Plus inattendu, elle a aussi constaté que, à âge égal, le taux de retour à l'emploi augmente très régulièrement avec le revenu du chômeur, et même avec celui de son conjoint. Pour les hommes, le fait de vivre en couple, et plus encore avec un conjoint qui travaille, favorise aussi le retour à l'emploi. Ce qui n'est pas vrai pour les femmes. Au total, les chômeurs pauvres sont les derniers à bénéficier de la reprise conjoncturelle. Face à ces phénomènes, l'institut ne peut émettre que des hypothèses d'explication. « Hormis une éventuelle homogamie sociale », il peut exister des « trappes à inactivité » lorsqu'il n'y a pas de conjoint ou qu'il gagne peu, le travail faisant perdre certaines allocations et des minima sociaux. Un autre facteur tiendrait aussi aux mauvaises conditions de vie associées à la pauvreté, un handicap qui tendrait à marginaliser de la société...

L'INSEE s'est aussi intéressé cette année aux effets redistributifs du système socio- fiscal pour les familles. On le sait, les prestations familiales proprement dites favorisent, dans l'ensemble, les ménages moyens ou modestes. Mais si l'on tient compte de l'ensemble des prestations sociales liées aux charges de famille et surtout de l'impôt sur le revenu, il n'en va plus de même. L'institut a mesuré leur impact en calculant le surcroît de revenu disponible imputable à la présence d'enfants. Au total, les prestations familiales en représentent 62 %, les mécanismes fiscaux 27 %, les aides au logement 10 % et les minima sociaux 1 %.

La redistribution profite aussi aux riches

Premier constat : contrairement à ce qu'il en est pour les seules prestations familiales, les couples avec un seul enfant profitent des mécanismes de redistribution. Surtout quand l'enfant est jeune. Seconde conclusion : les niveaux de vie extrêmes bénéficient des aides familiales les plus importantes. Un peu moins de 3 000  € par an et par enfant en bas de l'échelle des niveaux de vie, par le biais des prestations ; un peu plus de 3 000 € en haut, par le fait des déductions fiscales. Le surcroît de revenu disponible s'établit autour de 2 000 € par an et par enfant pour une bonne moitié de la population médiane. Des phénomènes que l'on connaissait mais qui sont désormais plus précisément chiffrés.

M.-J. M.

Notes

(1)  France, portrait social, édition 2003-2004, en librairie et dans les points de vente de l'INSEE - Tél. 01 41 17 66 11 - 12  €.

(2)  L'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale l'avait déjà signalé dans son rapport 2001-2002. Voir ASH n° 2249 du 8-02-02.

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