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Comment mieux répondre à la souffrance psychique des exclus ?

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« Force est de constater l'extrême désarroi des acteurs sociaux et sanitaires face à la souffrance psychique qui gêne l'action des uns, qui apparaît comme étrangère au noyau dur des objectifs et des missions de la psychiatrie. » Telles sont les conclusions du groupe de travail sur la souffrance psychique et l'exclusion sociale, piloté par le psychiatre Philippe Jean Parquet, dans le rapport qu'il a remis à Dominique Versini, le 21 octobre. Celle-ci l'avait, en effet, chargé de réfléchir, conformément aux objectifs fixés dans le plan de lutte contre les exclusions (1), à une meilleure prise en compte de ce phénomène qui freine, voire empêche, la réinsertion des personnes en difficulté. Un document qui s'inscrit ainsi dans la continuité des travaux déjà menés sur le thème et qui ont mis en avant la nécessaire coopération entre la psychiatrie et le secteur médico-social (2).

Après s'être attaché à définir et à conceptualiser ce qu'est la souffrance psychique- préalable aux réponses à lui apporter - , le rapport formule six recommandations pour améliorer sa prise en charge. La première est de mettre en place un « réseau santé mentale-précarité (RSMP)  » qui s'intégrerait dans les dispositifs existants (programmes régionaux d'accès à la prévention et aux soins, programme départemental d'insertion...), appuyé sur une équipe mobile départementale de santé mentale pour personnes précarisées (ESMPP). Ce réseau aurait pour missions d'agir directement auprès des personnes précarisées, de former des professionnels sociaux polyvalents et spécialisés ainsi que de dynamiser un réseau et de stimuler des institutions et des décideurs. Il comprendrait, sous l'égide d'un coordonnateur, cinq ou six membres : un assistant social, un éducateur spécialisé, un psychologue, un infirmier psychiatrique, un secrétaire médico-social et, à temps partiel, un médecin, psychiatre de préférence ou, à défaut, généraliste. Géré par une personne morale (établissement de santé, centre d'hébergement et de réinsertion sociale, centre communal d'action sociale...), le dispositif pourrait être financé, du fait de son inclusion au sein de réseaux de santé, par une contribution de la psychiatrie publique, des redéploiements de crédits dégagés par les agences régionales de l'hospitalisation à l'occasion des restructurations hospitalières, et par une contribution des programmes régionaux d'accès à la prévention et aux soins.

Les auteurs prônent ensuite la mise en place de lits de repos à orientation psycho-sociale qui fonctionneraient avec des personnels soignants présents jour et nuit et des travailleurs sociaux. Ils seraient budgétés par convention avec l'assurance maladie avec un financement à la place. Le rapporteur encourage également le développement de la prise en charge des personnes en souffrance psychique au sein des maisons-relais - certaines ont, avec succès, passé convention avec le secteur psychiatrique - ainsi que celui des travaux de recherche cliniques dans cette population. A ce titre, l'Observatoire de la lutte contre la précarité et l'exclusion pourrait être « l'élément coordinateur des études et recherches épidémiologiques mises en place par les différentes structures institutionnelle s » (Institut national de veille sanitaire, Inserm...).

Autres recommandations : développer des activités de soutien et de formation auprès des travailleurs sociaux et des acteurs de la santé mentale et renforcer la prise en charge des conduites addictives dans les populations exclues ou précaires. Le rapport relève, entre autres, les dangers de considérer ces conduites comme «  la conséquence de la précarité et de l'exclusion censées disparaître avec la fin de la précarité, [ce qui] est faux » ou, à l'inverse, d'estimer l'exclusion et la précarité comme les conséquences des conduites addictives, ce qui conduit « les intervenants sociaux et les addictologues [à se renvoyer] ces patients qui souvent s'excluent des programmes sanitaires et sociaux du fait de la mésentente des deux dispositifs où ils ne se sentent pas accueillis ». Pour toutes ces raisons, « il s'agit d'un domaine où le travail sanitaire et social est complémentaire. Il importe donc qu'il y ait une reconnaissance mutuelle des compétences[...], des outils disponibles dans les deux champs d'action [...], et que la coordination soit plus étroite  », estime le psychiatre.

C.S.

Notes

(1)  Voir ASH n° 2304 du 28-03-03.

(2)  Voir ASH n° 2215 du 18-05-01.

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