Dans le cadre des ordonnances de 1996, la MSA a élaboré un projet de réseau gérontologique ouvert aux ressortissants des trois principaux régimes d'assurance maladie. Celui-ci a été agréé en mars 2000 pour trois ans sur 19 sites répartis dans 12 régions. Il s'agissait pour nous de répondre au souhait exprimé par 80 % des personnes âgées de rester le plus longtemps possible chez elles et de faire face, en même temps, à l'insuffisance des structures d'hébergement pour accueillir une population dépendante qui augmente. Nous souhaitions également améliorer la prise en charge par une meilleure organisation des soins et par là, mieux maîtriser les coûts.
L'évaluation définitive réalisée par la société Ariane santé social confirme les résultats prometteurs du bilan intermédiaire présenté en février 2002 (2). D'abord sur le plan quantitatif : le nombre de personnes âgées prises en charge dans le cadre du réseau a augmenté régulièrement. A ce jour, 1 869 personnes. Très âgées : entre 75 et 89 ans pour plus de 60 % et entre 80 et 84 ans pour un quart d'entre elles. Ce sont des femmes à 66 % qui, en majorité, appartiennent aux GIR 3 et 4.
98 % des personnes âgées considèrent que leur qualité de vie s'est améliorée. Un sentiment partagé par les aidants familiaux même s'ils demandent une augmentation des temps de présence des aides-ménagères et des auxiliaires de vie ainsi que l'organisation d'un accueil temporaire pour les soulager. En outre, 89 % des personnes âgées apprécient l'aide mensuelle proposée (91,47 €) pour les besoins du maintien à domicile.
Alors qu'elles étaient les plus réticentes au départ, les assistantes sociales (MSA, CRAM, conseil général…) - les pivots du volet social de la prise en charge - sont très satisfaites. 95 %reconnaissent l'intérêt du travail en réseau et estiment qu'il permet une prise en charge de qualité. L'avis des professionnels de santé est également très positif. Certains médecins avouent même qu'ils auraient du mal désormais à se passer de la coopération entre le sanitaire et le social dont le temps fort est la réunion de coordination.
Les résultats méritent d'être affinés. Mais en comparant la population prise en charge dans le réseau avec un groupe témoin (composé de 380 personnes présentant les mêmes caractéristiques), nous avons pu observer un taux moindre de mortalité. En outre, nous n'avons pas constaté une augmentation des décès avec la canicule. Les personnes âgées ne restent jamais isolées : elles sont toujours entourées par un membre de leur famille ou un professionnel. Nul doute que le réseau a permis dans des zones rurales, éloignées des structures de soins, d'améliorer l'organisation de la prise en charge médicale et sociale à domicile.
Le bilan est, là aussi, encourageant. Les dépenses de soins sont plus faibles dans le réseau que dans le groupe témoin, malgré les coûts engendrés par la mise en place d'une association de coordination, des forfaits de coordination versés aux professionnels de santé, de l'aide financière proposée aux personnes âgées. Nous avons également découvert avec surprise que le nombre de journées d'hospitalisation n'avait pas diminué, mais qu'elles étaient fréquemment effectuées en moyen séjour et moins onéreuses. Mais l'expérimentation qui devait s'arrêter au 31 mars 2003 a été prorogée jusqu'en 2004. Et nous comptons bien approfondir et compléter ces résultats dans le cadre d'une nouvelle évaluation pour 2004. Propos recueillis par Isabelle Sarazin
(1) MSA : Les Mercuriales - 40, rue Jaurès - 93547 Bagnolet cedex - Tél. 01 41 63 77 77.
(2) Voir ASH n° 2319 du 11-07-03.