Au sein du handicap, l'autisme souffre d'une carence particulière de prise en charge. Les textes existent, les constats et les propositions antérieurs ne doivent pas être remis en cause. Leur défaut est de n'avoir pas été suffisamment appliqués. En introduisant ainsi le rapport remis à Jean-François Mattei et à Marie-Thérèse Boisseau, qui devait être rendu public le 2 octobre, le député UMP de la Loire, Jean-François Chossy, ne laisse pas attendre de grandes nouveautés. De fait, il balaie un peu ingénument l'état des lieux en concluant qu'il faut « aller plus loin, plus vite », avec « l'engagement total des pouvoirs publics ».
L'élu rappelle que l'autisme toucherait de 24 000 à 32 000 enfants et adultes dans ses formes sévères et de 70 000 à 80 000 personnes au total, avec trois ou quatre fois plus de garçons que de filles. Une estimation, comme toujours en matière de handicap, qui le conduit à préconiser d'abord un recensement précis au plan des départements et des régions. Il demande aussi le développement du dépistage précoce, le renforcement de la recherche génétique et clinique (notamment sur fonds publics) et l'évaluation des méthodes et traitements existants, dont il note, sans développer, qu'ils font encore l'objet « d'une approche différenciée qui entretient une guerre d'écoles entre le tout-psychiatrique et le tout-éducatif ».
L'accompagnement, qui comporte selon lui une triple dimension thérapeutique, pédagogique et éducative, doit être précoce, individualisé et s'inscrire dans la longue durée. Seules 10 000 personnes en bénéficieraient (soit une sur sept ou huit), et encore, parfois à temps très partiel. 3 000 Français sont aussi accueillis, bien ou moins bien, en Belgique (avec des financements hexagonaux) et beaucoup sont laissés aux seuls soins des familles. Un « effort considérable » doit donc être consenti pour créer les places nécessaires, tant dans des établissements permanents qu'en accueil temporaire, notamment des petites structures spécialisées d'une dizaine de lits. L'hôpital psychiatrique, qui garde son rôle indispensable de « maillon des soins », ne devrait plus être « considéré comme un lieu de vie ».
Pour les enfants présentant une forme d'autisme moins sévère, l'intégration à l'école maternelle puis en classe d'intégration scolaire spécialisée, avec l'accompagnement adapté, doit rester l'objectif, « la mission de socialisation » devant alors « primer sur les apprentissages scolaires ». Ce qui suppose, évidemment, une formation particulière des enseignants et des auxiliaires de vie scolaire. Même demande pour l'ensemble des personnels du champ médico-social, et toutes les personnes en contact avec les autistes et leur famille (assistantes maternelles, auxiliaires de vie...) ainsi que pour les parents.
Au chapitre des financements - « toujours [...]suppliés par les gestionnaires » -, pas de proposition chiffrée mais une suggestion : que le produit d'une journée de RTT travaillée soit versée à un fonds de solidarité pour le handicap... Pour le député, les conseils généraux « devraient accepter de remplir des obligations supplémentaires » et mettre en place un « cahier d'obligations », assorti d'un calendrier et de sanctions. Le financement à la personne devrait être privilégié et une aide plus importante apportée aux établissements éducatifs privés. Les incidences financières du handicap pour la famille, estimées en moyenne à 1 500 € par mois, devraient faire l'objet d'une « réelle compensation ».
Plaidant pour le développement de campagnes de sensibilisation du grand public et la non-banalisation du terme « autiste », le rapporteur demande donc le lancement d'un nouveau plan pluriannuel pour l'autisme et la promotion des actions innovantes par une circulaire accompagnée « de moyens adaptés ». Plan comme moyens qu'il s'abstient de quantifier.