Le bilan des établissements régionaux d'enseignement adapté (EREA) dressé par l'inspection générale de l'Education nationale est plus difficile à cerner car l'appellation recouvre des réalités assez diverses. 80 établissements (accueillant 11 000 élèves) relèvent de ce statut, issu de la loi de décentralisation de 1983 et d'un décret d'août 1985 : huit sont spécialisés dans l'accueil des déficients visuels et handicapés moteurs, tandis que 72 sont ouverts à un public plus indéfini de jeunes déficients intellectuels et/ou en difficulté scolaire grave et/ou en situation sociale ou familiale difficile et/ou présentant des troubles du comportement. Parmi eux, de fait, depuis une quinzaine d'années, les « élèves difficiles » ont supplanté les « déficients intellectuels ». Autre variante : certains établissements, « type 1985 », continuent d'accueillir les enfants dès la sixième avec un premier cycle complet suivi de deux années de formation professionnelle préparant au CAP. D'autres ont adopté le parti recommandé par une circulaire de mai 1995 - qui appelait un nouveau décret, jamais sorti - et se sont transformés en lycées d'enseignement adapté, n'accueillant plus les jeunes qu'à partir de la troisième. Une évolution que désapprouve fermement l'inspection générale.
Motivation principale : l'intérêt qu'elle accorde à « l'internat éducatif », qui est la principale originalité des EREA par rapport aux sections d'enseignement général et professionnel adapté (SEGPA) intégrées dans les collèges ordinaires. La formule d'internat, qui bénéficie actuellement à 53 % des élèves, lui paraît plus efficace à l'entrée au collège que plus tard, passé l'âge de l'obligation scolaire. Offrant - avec un cadre de vie « organisé, stable, structuré » et une autre relation avec les adultes - une « nouvelle chance » à un public qui en a besoin, elle semble d'ailleurs appréciée des familles en difficulté.
Le bilan souligne aussi que les établissements visités disposent de moyens matériels et humains satisfaisants, avec un rapport moyen adultes/élèves « de 1 à 3 quand il n'est pas de 2 pour 5 ». La plupart des établissements (qui comptent 137 élèves en moyenne) disposent d'une infirmière à temps plein et d'une assistante sociale à mi-temps, ce qui paraît satisfaisant. Par contre, le personnel éducatif y est souvent moins affecté sur la base du volontariat que de nominations d'office en premier poste et souvent sans formation spécifique.
Logiquement, les recommandations de l'inspection portent d'abord sur le recrutement et la formation des différents personnels. Elle préconise aussi la diversification des formations professionnelles offertes aux élèves afin qu'elles soient plus attractives pour tous, y compris pour les filles qui constituent 27 % de l'effectif. Enfin, elle préconise un cadrage national léger, qui recommanderait un accueil dès la sixième mais laisserait subsister l'actuelle hétérogénéité des établissements (sur laquelle il lui paraît illusoire de revenir). L'initiative serait donc laissée aux académies pour définir les projets et les publics accueillis, les EREA étant appelés à sortir de leur marginalité pour devenir « des lieux d'expérimentation et de bouillonnement pédagogique ».