Le vieillissement de ses résidents préoccupe la Sonacotra

La population hébergée dans les foyers de la Sonacotra (1) vieillit (près de la moitié des résidents est âgée de plus de 55 ans), se précarise (14 % sont au RMI) et se diversifie (26 % sont français). Ces constats ont fortement inspiré les orientations du contrat d'objectif 2003-2006 de l'entreprise d'économie mixte, rendu public le mardi 9 septembre, en même temps que son bilan d'activité 2002. Avec l'objectif de faire valoir sa mission sociale : « Nous sommes conscients que nous souffrons d'un déficit d'image, du fait de loger des immigrés, a expliqué son président, Michel Pélissier. Ceux qui ne les aiment pas nous le reprochent, les autres nous accusent de ne pas bien nous en occuper. »

Parmi les ambitions affichées, la Sonacotra veut apporter une réponse sociale à ses résidents vieillissants. « A cause de la canicule, nous avons déploré cinq décès de plus que l'année passée, souligne Michel Pélissier. C'est à la fois beaucoup et peu, sans doute parce que nos résidents ne sont pas isolés et qu'ils ont un mode de vie communautaire, auquel ils sont attachés. » Les établissements existants pour personnes âgées sont-ils d'ailleurs adaptés à ces populations ? « Le gouvernement s'est posé la question en proposant des structures spécifiques dans le cadre de sa politique d'intégration  (2) . Nous allons lancer dans les mois et les années qui viennent de telles expérimentations », ajoute-t-il. Parallèlement, la Sonacotra devrait favoriser le maintien à domicile des personnes âgées en finançant des mesures d'accompagnement et des services de soins avec l'aide, notamment, du Fonds d'action et de soutien pour l'intégration et la lutte contre les discriminations et des caisses régionales d'assurance maladie.

Autre priorité, à côté de la réhabilitation des foyers les plus dégradés : la construction sur quatre ans de 1 600 chambres supplémentaires en résidence sociale, dont le développement a été demandé par le gouvernement afin de favoriser l'insertion par le logement (3). La Sonacotra souhaite aussi conforter sa position de « premier opérateur » de centres d'accueil pour demandeurs d'asile  (CADA) (elle gère 1 628 places aujourd'hui). Elle a reçu l'assurance que 1 000 places en CADA seraient débloquées dès septembre sur les crédits 2004, sur lesquelles elle devrait en créer une centaine. 

Après la chute mortelle, le 3 septembre, d'un Algérien qui tentait d'échapper à un contrôle, Michel Pélissier s'est expliqué sur les contrôles d'huissiers (accompagnés par la police) régulièrement diligentés par l'entreprise. Il s'est défendu de pratiquer la dénonciation organisée : « Notre objectif n'est pas de faire la chasse aux sans-papiers, mais aux sureffectifs. Le taux d'occupation peut atteindre 300 %. De plus, la loi nous interdit de nous rendre complices d'aide au séjour irrégulier. »