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Canicule : les associations ne lâcheront pas

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 Qu atre fois le World Trade center », souligne Pascal Champvert, président de l'Association des directeurs d'établissements d'hébergement pour personnes âgées. 11 435 décès :c'est la première estimation officielle (et provisoire) de la surmortalité entraînée par la canicule pour la période du 1er au 15 août, livrée par l'Institut de veille sanitaire  (InVS), remise le 29 août au ministre de la Santé, Jean-François Mattei. Ces chiffres confirment l'ampleur de la catastrophe sanitaire vécue par le pays (1). Les projections réalisées par les Pompes funèbres générales - dont le bien-fondé est désormais vérifié -indiquent 13 000 morts supplémentaires pour l'ensemble du mois d'août. Selon l'InVS, 80 % des personnes décédées avaient plus de 75 ans, et 64 % étaient des femmes. Paris, Lyon, Dijon, Le Mans figurent parmi les villes les plus touchées.

La faute à la canicule « aggravée par des carences politiques et sociétales », estime le Comité national des retraités et des personnes âgées  (CNRPA). Les premiers travaux des missions et groupes d'étude qui planchent sur la question confirment, en effet, un « retard à l'allumage » des autorités, selon l'expression de Rachel Bocher, présidente de l'Intersyndicat national des praticiens hospitaliers. Les 57 corps encore non réclamés le 3 septembre à Paris montrent aussi la solitude complète dans laquelle vivent certaines personnes, oubliées des familles comme des institutions.

« De la compassion pour les 11 000 morts, il faut passer à l'action immédiate pour les 680 000 survivants », réclament les représentants des maisons de retraite. Dans l'immédiat, les 16 organisations qui ont manifesté les 18 mars et 18 juin demandent de faire remonter, avant le 12 septembre, « tout témoignage et toute proposition des résidents, des familles et des personnels » pour les associer aux discussions en cours avec les pouvoirs publics (voir ce numéro).

Répondre d'abord à l'urgence

Avant même le plan qui sera annoncé à leur issue - et qui devrait inclure la création de nouvelles places en établissements pour fermer les maisons « indignes » et épouser l'évolution de la population des plus de 85 ans dans les prochaines années -, tous exigent des mesures urgentes. La première (réclamée à l'unanimité et une fois de plus) devrait être le rétablissement des 103 millions de crédits d'assurance maladie, supprimés en 2003, pour le plan d'amélioration de la qualité des établissements. Mais pas comme les 80 millions déjà débloqués à la suite des manifestations, dont 50 ont été pris sur les crédits de l'aide à domicile...

L'Union nationale des centres communaux d'action sociale (Unccas) a, le 2 septembre, listé une série d'autres mesures rapidement applicables : simplification des procédures de négociation des conventions tripartites ; mise en œuvre des préconisations du rapport Grunspan pour les logements-foyers ;pérennisation du financement des centres locaux d'information et de coordination gérontologique (les CLIC)  ; doublement des crédits d'assurance maladie pour augmenter les capacités des services de soins infirmiers à domicile ; publication des décrets d'application de la loi du 2 janvier 2002.

L'augmentation des moyens de l'aide à domicile fait aussi l'unanimité. Cinq organisations du secteur ont réclamé, dans un communiqué commun du 28 août (2), que leur effort de recrutement et de professionnalisation soit soutenu, notamment par l'extension de l'accord sur les emplois et les rémunérations applicable au 1er juillet 2003... qui vient d'être refusée (3). Fait plus exceptionnel : cette demande d'accroissement de l'aide à domicile a aussi été formulée avec force par de nombreuses organisations comme la Fédération hospitalière de France et des syndicats de médecins, hospitaliers et libéraux.

Il faut aussi « restaurer la loi sur l'allocation personnalisée d'autonomie » (APA), revendique la Confédération syndicale des familles en rappelant qu'au printemps dernier, le gouvernement a préféré restreindre les droits des personnes âgées dépendantes plutôt que de dégager les moyens financiers permettant de l'appliquer (4). On relèvera au passage le silence persistant des présidents de conseils généraux, pourtant en charge de l'aide sociale aux personnes âgées. Les mêmes qui avaient su se faire entendre pour dénoncer le coût de l'APA...

Reste à préciser les moyens pour financer ces mesures, immédiates ou à moyen terme, propres à « garantir à chacun d'entre nous un vieillissement dans la dignité », selon les termes du CNRPA. Tout le monde est d'accord pour refuser l'appel « à la charité publique » et mobiliser la solidarité nationale. Comment ? Par un prélèvement sur tous les revenus, pas sur les seuls salaires, demandent les grandes confédérations syndicales. Par la contribution sociale généralisée, précise la Fédération nationale des accidentés du travail et des handicapés. Revendication de longue date de nombreuses organisations, l'idée d'un « cinquième risque » géré par la sécurité sociale fait un retour en force. Son de cloche un peu différent : la Fédération des mutuelles de France préférerait que ce soit l'assurance maladie elle-même qui s'occupe de la prévention et de la prise en charge de la dépendance.

Enfin une précision, apportée, le 1er septembre, par le Comité d'entente des associations représentatives de personnes handicapées et de parents d'enfants handicapés :le droit à compensation des incapacités concerne « l'ensemble des personnes en perte d'autonomie, quelle qu'en soit la cause : maladie, accident ou âge ».

Notes

(1)  Voir ASH n° 2321 du 22-08-03 et n° 2322 du 29-08-03,33 et 35.

(2)  Les signataires sont l'Adessa, la Fnaafp-CSF, l'Unassad, l'Unadmr et l'Uniopss.

(3)  Voir ASH n° 2321 du 22-08-03.

(4)  Voir ASH n° 2298 du 14-02-03 et n° 2305 du 4-04-03.

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