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Chemins de banlieue

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Pour connaître le positionnement de jeunes adultes issus de l'immigration maghrébine par rapport à leurs « petits frères » et les ressorts de leur engagement, bénévole et/ou professionnel, dans des associations de quartier, Bertrand Dubreuil a mené une recherche auprès de huit hommes et six femmes de 20 à 35 ans, domiciliés dans trois villes de Picardie (Amiens, Creil et Soissons) et ayant, pour la majorité d'entre eux, un niveau d'études situé entre bac et bac + 2. Imprégné des représentations les plus couramment véhiculées sur l'évolution de la délinquance juvénile, le regard de ces jeunes sur la génération qui les suit est dominé par le sentiment d'une aggravation dramatique des conduites transgressives des adolescents et pré-adolescents. « Nos petits frères se comportent d'une façon inquiétante, comparativement à ce que nous étions à leur âge, ils ne respectent rien », déclarent-ils. Insolence, incivilités, vols, voire agressions en bande sur les personnes, absentéisme scolaire, business et trafic de drogue : ils ne peuvent décidément pas se reconnaître dans les agissements de ces « nouveaux barbares » avec lesquels ils n'ont pourtant que 10 à 15 ans d'écart. En reprenant à leur compte une part du discours sécuritaire, « les jeunes adultes témoignent d'une intériorisation du stigmate assigné à leur groupe d'appartenance », analyse Bertrand Dubreuil. Et tentent d'y échapper en désavouant ces conduites déviantes et en accentuant leur propre conformité aux normes sociales. Mais si globalement les jeunes adultes jugent sévèrement leurs cadets, ils parlent de façon beaucoup plus nuancée de ceux avec lesquels ils entretiennent des rapports réguliers au travers d'activités de loisirs ou d'apprentissage. Impliqués à leurs côtés pour les aider « à revenir sur le droit chemin », « à faire leurs devoirs », à « sortir du quartier » et « élargir leur horizon », les jeunes adultes interrogés ne se sont pas engagés dans le champ de l'animation ou du travail social « par hasard », précise Nora. « C'est dû à une trajectoire de vie. » Bien qu'ils se soient tous inscrits dans une démarche de professionnalisation par le biais d'une formation qualifiante, ils considèrent que c'est aussi, et peut-être d'abord, leur investissement personnel qui fait la qualité de leur action. Représentant pour leurs cadets un modèle d'identification positif, notamment au travers de leur réussite scolaire, ces jeunes leaders qui souhaitent permettre à leurs petits frères d'évoluer par rapport à leur condition sociale mettent en œuvre une solidarité et une pugnacité qui donnent sens à leur existence.

Chemins de banlieue. Recherche de soi et engagement professionnel des jeunes issus de l'immigration  - Bertrand Dubreuil - Ed. L'Harmattan - 17  .

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