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Bien mourir

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Dénonciation des souffrances et de la solitude des mourants, contestation de l'emprise excessive de la médecine sur les personnes et particulièrement de l'acharnement thérapeutique : le débat social qui s'instaure en France au cours des années 70 fait émerger un mouvement de revendications relatives au droit des individus à s'approprier leur mort et au possible recours à l'euthanasie. Dans ce contexte fortement polémique, une conception radicalement différente de l'individu en fin de vie apparaît progressivement, inspirée de celle mise en œuvre par le Dr Cicely Saunders, fondatrice du St Christopher's Hospice ouvert à Londres en 1967. Se retrouvant dans une approche qui combine connaissances scientifiques récentes en matière de gestion des douleurs liées à la phase terminale et tradition chrétienne d'assistance aux mourants, un réseau informel, réunissant des médecins et des personnalités catholiques - parmi lesquelles le jésuite Patrick Verspieren jouera un rôle déterminant -, s'engage dans la promotion des soins palliatifs. « La fin de vie est désormais considérée comme une “période à vivre”, un processus non seulement somatique mais aussi psychologique, devant faire l'objet d'une prise en charge spécifique par des professionnels organisés en “équipe pluridisciplinaire” et appelant la mise en œuvre de compétences particulières », explique Michel Castra. Dans leurs différents services, les pionniers français importent en priorité les méthodes de soulagement de la douleur dont l'efficacité, très stimulante, fait naître une communauté d'intérêt pour la médecine palliative autour de laquelle commencent à se construire une activité partagée et une identité de groupe. Relatant la constitution et le processus de légitimation et d'institutionnalisation de cette entité médicale particulière pendant les décennies 1980 et 1990, Michel Castra montre comment, avec le relais d'associations d'accompagnement dont elle a souvent initié la création, la nouvelle spécialité parvient rapidement à diffuser son idéal du « bien mourir ». Il est l'emblème d'une logique de pacification de la mort visant à la rendre « supportable, assimilable par la société, mais aussi et d'abord, par les professionnels qui en ont la charge ».

Bien mourir. Sociologie des soins palliatifs  - Michel Castra - Ed. PUF -28  .Pages réalisées par Caroline Helfter

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