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Reçus à Matignon, les professionnels devront encore attendre

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Devant l'ampleur de la crise provo- quée par la canicule, les organisations du secteur de la prise en charge et de l'accompagnement des personnes âgées et les syndicats attendaient au moins des mesures d'urgence. Lors de la réunion du 26 août à Matignon, à laquelle était convoquée une vingtaine de participants, ils ont obtenu la promesse du lancement d'un plan interministériel « Vieillissement et solidarités » qui sera présenté au mois d'octobre, au terme des réflexions menées par des groupes de travail (voir ce numéro). « Nous avons été entendus. Cela étant, pour ce soir, nous n'avons aucune réponse concrète », a regretté Pascal Champvert, président de l'Association des directeurs d'établissements d'hébergement pour personnes âgées (Adehpa). L'association, qui attendait des « arbitrages clairs et rapides » de la part de Jean-Pierre Raffarin (1), déplore surtout que « le Premier ministre n'ait pas annoncé le déblocage des 103 millions d'euros suspendus en début d'année » pour le plan de médicalisation des établissements. Et rappelle que « les enveloppes qui seront attribuées en ce début de septembre ne le seront que sur la base de 80 millions d'euros, ce qui reste notoirement insuffisant pour améliorer au quotidien la vie des personnes âgées vivant en établissement ».

Le 18 juin dernier, les organisations avaient dénoncé cette coupe claire lors d'une journée nationale de protestation, sans obtenir de rendez-vous avec le ministre chargé de la sécurité sociale, Jean-François Mattei (2). Le contexte leur donne aujourd'hui raison en mettant en évidence le manque de moyens humains dans les établissements : « Sans aller chercher des exemples à l'étranger, en France, dans les maisons d'accueil spécialisé, dans lesquelles vivent de nombreuses personnes lourdement handicapées, mais pas âgées, il n'y a pas eu de surmortalité :le ratio en personnel est de 1, 1, c'est-à-dire un agent pour un résident. Dans les maisons de retraite, ce ratio est de 0, 35, soit 1/3 de salarié pour une personne accueillie... », analyse la Fédération nationale des associations de directeurs d'établissements et services pour personnes âgées (Fnadepa).

Réformer et non replâtrer

Outre le rétablissement des crédits supprimés, les acteurs du terrain sont décidés à porter à Matignon d'autres revendications. Notamment la mise en place, à moyen terme, d'un « plan Marshall » qui nécessiterait selon eux sept milliards d'euros sur trois à sept ans pour doter les établissements en effectifs suffisants et accroître les capacités d'accueil. Pour l'heure, le secrétaire d'Etat aux personnes âgées, Hubert Falco, a évoqué la possibilité de dégager 250 millions par an...

Mais au-delà des chiffres, c'est l'ensemble de la prise en charge sanitaire et sociale des personnes âgées que veulent réformer les professionnels, tous secteurs confondus. Ainsi, la Fédération hospitalière de France (FHF), qui vient de demander au ministère de la Santé une réévaluation du plan pluriannuel de financement des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), rappelle que « les capacités de prise en charge à domicile des personnes âgées sont déjà insuffisantes pour répondre aux besoins en temps normal » et estime que « la prévention, à domicile comme en maison de retraite, permettrait de diminuer le recours aux urgences et leur engorgement ». L'Union nationale des associations de soins et services à domicile (Unassad) réclame un renforcement des moyens de son secteur : selon elle, le nombre de personnes âgées prises en charge, à la fois pour l'aide et les soins à domicile, devrait pouvoir être doublé d'ici à cinq ans. Elle souhaite par ailleurs que des moyens d'urgence soient débloqués pour faire face à l'afflux des demandes de prise en charge à domicile, en raison de la sortie, dans les prochaines semaines, des personnes qui ont dû être hospitalisées.

Pris dans l'étau de la réduction des dépenses de santé, tout en préparant le lancement du plan « Hôpital 2007 », Jean-François Mattei devra également se fixer une nouvelle priorité : le secteur de la gériatrie, dont les carences ont également été révélées par le drame estival. « Une filière hospitalière de soins comportant des services de médecine gériatrique aiguë capables de prendre le relais immédiat des urgences » est, pour Françoise Forette, présidente de la Société française de gériatrie et gérontologie, indispensable. La FHF demande pour sa part « que tous les établissements de santé qui accueillent des urgences puissent disposer de services de gériatrie ». Un quart d'entre eux seulement en bénéficient.

Les professionnels n'entendent donc pas se contenter de mesures de « replâtrage ». L'Unassad évoque même « une mobilisation forte » si rien n'est fait d'ici octobre. Tous attendent des réformes structurelles à l'instar du Syndicat des cadres de direction, médecins, dentistes et pharmaciens des établissements sanitaires et sociaux publics et privés-CFDT, seul syndicat de salariés invité à la concertation, avec Force ouvrière-cadres hospitaliers (3). Selon lui, la surmortalité liée à la canicule illustre tout à la fois « une insuffisance de moyens », « la complexité des procédures », un « éparpillement des responsabilités  » entre les affaires sociales et la santé et une « insuffisante cohérence des missions ». Aussi demande-t-il un soutien pluriannuel à l'investissement pour la rénovation des établissements, la pérennité du financement des EHPAD par une programmation pluriannuelle, des efforts budgétaires en termes de formation et une meilleure articulation entre le sanitaire et le social avec le développement des centres locaux d'information et de coordination gérontologiques. « Pour aller encore plus loin, n'est-il pas possible de créer des sortes d'équipes mobiles de prévention avec, entre autres, des assistants sociaux », propose aussi Cap social, qui plaide pour une approche « réellement médico-sociale ».

Notes

(1)  Voir ASH n° 2321 du 22-08-03.

(2)  Voir ASH n° 2316 du 20-06-03.

(3)  Le 19 août, la Fédération de la santé et de l'action sociale- CGT a adressé une lettre à Jean-François Mattei pour lui demander de réunir en urgence les organisations syndicales représentatives pour tirer les enseignements de la crise.

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