« Monsieur le Premier ministre, Monsieur le ministre de la Santé, Monsieur le secrétaire d'Etat aux personnes âgées (sans voix... ni pouvoirs), le dysfonctionnement, souligné par vous, des services hospitaliers des urgences et votre manque d'information par vos administrations respectives ne sont en rien la cause première de la surmortalité des personnes âgées sur la période caniculaire d'août.
« Soyons sérieux et gardons la mesure. La cause de ces milliers de morts âgés est à rechercher dans leur appartenance, en tant que vieux, à la France de “très bas”, sans syndicats ni lobbies, sans voix, sans grade... La faute aussi à vos crédits gelés, reportés, puis supprimés en 2002 et 2003, empêchant la mise en œuvre de la réforme des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) et des conventions tripartites... alors que le Parlement et les élus territoriaux en avaient initialement décidé autrement.
« Face à un environnement comptable et budgétaire européen contraignant, vous êtes sans compassion, ni solidarité... On rationne le non-productif. Résultat : des milliers de morts, en moins de 15 jours, en plein mois d'août ! Combien de décès de personnes âgées seront-ils encore nécessaires pour qu'enfin, tout simplement, vous appliquiez les décisions légales et réglementaires en leur faveur ?
« La réflexion sur les dysfonctionnements des urgences, de la remontée des informations vers le gouvernement est un leurre pour “balader” la galerie médiatique. La seule nécessité est d'appliquer simplement et dans sa totalité la loi sur l'allocation personnalisée d'autonomie (APA) et la réforme de la tarification des EHPAD d'avril 1999 avec le développement des conventions tripartites.
« Des milliers de morts valent bien, pour le moins, faute d'hommage national posthume, la signature de 1 800 conventions tripartites en 2003, à poursuivre de 2004 à 2006, ainsi que la reprise et le financement des CLIC, ces organismes de coordination locale de la solidarité en direction des personnes âgées.
« Courage ! Monsieur le Premier ministre. Au regard de ce que vous appelez les “effets de la canicule”, cela ne représente qu'un simple effort d'application des lois et règlements existant en faveur des personnes âgées... Et c'est d'autant plus nécessaire qu'en France, nous sommes les derniers, au plan européen, en termes de moyens humains et financiers en direction de ce public.
« Un nouveau plan “Vieillissement et solidarités” est désormais annoncé, de même que la suppression d'un jour chômé pour une contribution solidaire de la société active : pourquoi pas ? Mais il existe déjà les propositions du plan “Vieillir en France” de Paulette Guinchard-Kunstler, adopté à l'unanimité par le Parlement (3). Pourquoi de nouveaux experts et un nouveau plan, 1999 n'est pas si éloigné de 2003 ?
« Le problème n'est pas nouveau et il est bien connu de tous, y compris des politiques. Rapport Laroque dans les années 60, loi sur la prestation spécifique dépendance en 1997, réforme de la tarification en 1999, loi sur l'APA en 2001, loi sur la rénovation de l'action sociale en 2002… Rendez-vous, donc, en octobre 2003, pour mesurer l'évolution de l'impact de la citoyenneté solidaire sur la froideur comptable. »
(1) Voir ce numéro.
(2) Joël Defontaine : Maison de retraite « Saint-Joseph » - 41, avenue de Fontainebleau - 77760 La Chapelle-la- Reine - Tél. 01 64 24 32 36.
(3) Voir ASH n° 2135 du 1-10-99.