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La canicule a surtout accentué des défaillances chroniques, estiment les associations

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La canicule qui a sévi sur la France pendant la première quinzaine d'août a-t-elle fait 3 000 morts ou 5 000, « hypothèse plausible », comme l'a reconnu Jean-François Mattei le 18 août ? Le gouvernement a promis d'établir un bilan précis d'ici à un mois et nommé une mission d'expertise et d'évaluation des événements qui ont embouteillé les services d'urgences hospitaliers et les funérariums. Une certitude, en tout cas, la très grande majorité des victimes de « l'épidémie » d'hyperthermie sont des personnes âgées, vivant pour moitié à domicile, pour moitié en maison de retraite.

Rapidement, l'Association des directeurs d'établissements d'hébergement pour personnes âgées  (Adehpa) avait tiré la sonnette d'alarme en rappelant, au- delà des difficultés conjoncturelles, le manque chronique de personnels dans les maisons de retraite, qui accueillent des personnes de plus en plus âgées et de plus en plus dépendantes. Outre le taux d'encadrement déjà très bas, l'association faisait état, dans un communiqué du 28 juillet, d'un poste vacant sur quatre en Ile-de-France... On est souvent aux limites de la maltraitance, avaient martelé, unanimes, les 15 organisations organisatrices des journées d'action des 18 mars et 18 juin contre le manque de moyens des maisons de retraite (1). « On aurait pu éviter des morts si on avait eu plus de capacité à réagir et plus de personnels », affirme Luc Broussy, délégué général du Syndicat national des établissements et résidences privés pour personnes âgées (Synerpa).

Rattraper le retard accumulé

Ce drame est l'occasion, pour l'Adehpa, de réclamer un « plan Marschall » pour les établissements et, dans l'immédiat, le déblocage des 103 millions d'euros qui manquent, cette année, pour respecter le plan pluriannuel d'amélioration de la qualité amorcé en 2001. Le Synerpa chiffre pour sa part à deux milliards d'euros sur trois ou quatre ans la somme qui serait nécessaire « pour rattraper le retard accumulé pendant des années et mettre la France au niveau de ses voisins européens ». Les professionnels ont « certainement raison » quand ils estiment leurs moyens insuffisants, a benoîtement reconnu Hubert Falco, secrétaire d'Etat aux personnes âgées, qui a lancé une enquête auprès des maisons de retraite. « Mais le problème de fond, c'est le vieillissement », qu'il trouve sous-estimé par les Français. Un jugement que les professionnels retournent à un gouvernement qui s'est surtout signalé dans ce domaine par ses coupes de crédits et un sérieux rabotage du droit à l'allocation personnalisée d'autonomie (APA).

Le nombre de morts à domicile a aussi attiré l'attention sur l'isolement de beaucoup de personnes âgées, surtout pendant les vacances. De là à rejeter toutes les responsabilités sur leurs enfants... « La plupart des familles accompagnent bien leurs aînés », défend Danièle Dumas, présidente de l'Union nationale des associations ADMR (Association du service à domicile) en soulignant la forte mobilisation de celles-ci. « Nous n'avons pas eu à déplorer de difficulté exceptionnelle là où nos services sont actifs, note aussi Frédérique Decherf, directrice de la communication de l'Union nationale des associations de soins et services à domicile (Unassad). Ce n'est peut-être pas un hasard si l'on a constaté, notamment en Ile-de- France, plus de problèmes dans les départements qui privilégient le gré à gré au détriment des associations prestataires. Que peut faire la personne âgée quand sa salariée est en congé ? » Il reste, ajoute-t-elle, que l'on vérifie à cette occasion, comme on avait pu déjà le voir au moment de la création de l'APA et de l'explosion de la demande, que beaucoup de personnes âgées restent à l'écart de toute structure. « Nous insistons sur les mesures de prévention qu'il faudrait mettre en œuvre pour les personnes peu dépendantes mais qui auraient besoin d'un soutien dans les périodes difficiles. »

Autre population particulièrement fragile : celle des personnes à la rue. Se manifestant plus tôt que ses confrères, Dominique Versini, secrétaire d'Etat à la lutte contre la précarité et l'exclusion, avait, dès le 11 août, attiré l'attention des préfets pour que « les sans domicile fixe et les familles avec enfants » puissent trouver des lieux d'accueil leur permettant de se doucher et de se désaltérer. Là aussi, il a fallu rouvrir des places d'hébergement en urgence, le manque chronique de structures d'accueil, dénoncé par les associations, étant encore plus criant en été.

Au-delà des polémiques sur les défaillances et les responsabilités des uns et des autres, l'Union nationale des associations familiales demande qu'un bilan soit rendu public et des procédures établies pour éviter le renouvellement de tels événements. Dans la même optique, Dominique Fruleux, membre du bureau du Comité national des retraités et personnes âgées (CNRPA), souhaite que cette instance, récemment réactivée par le gouvernement, se réunisse rapidement.

M.-J.M.

Notes

(1)  Voir ASH n° 2303 du 21-03-03 et n° 2316 du 20-06- 03.

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