A côté du soutien de la famille et de l'aide apportée par les professionnels pour le maintien à domicile des personnes âgées, quel peut être le rôle des relations de voisinage ? Sur cette question peu fouillée, la Fondation de France rend publique une « étude exploratoire » menée par quatre équipes de Toulouse, Marseille, Brest et Créteil (1).
Leurs analyses qualitatives révèlent une réalité plus complexe qu'il n'y paraît. Jouent en effet le voisinage géographique immédiat (où les commerces de proximité, quand ils subsistent, ont un grand rôle), mais aussi les réseaux relationnels plus ou moins éloignés (clubs de quartier, groupes amicaux de partage d'activités). Ces relations souvent tenues « à bonne distance » - et où l'échange de services reste exceptionnel - ne présentent finalement pas de grande spécificité propre à la vieillesse, note l'étude. A une exception près : le « contrôle social » des allées et venues par les voisins s'amplifie et devient légitime pour les personnes isolées et fragiles. Ce qui n'empêche pas ces dernières de développer des stratégies pour préserver leur autonomie et différer au maximum les demandes d'aide.
Au total, l'intervention du voisinage compte pour beaucoup dans la poursuite des rapports de sociabilité et la prévention, mais n'a souvent qu'un rôle d'alerte de la famille ou des professionnels dès que s'installent les premiers signes de dépendance. Dès lors, comment agir en amont pour préserver les solidarités de proximité ? Le maintien de la continuité résidentielle paraît à cet égard primordial, insiste l'étude. Trop de déménagements interviennent sous la contrainte, même bienveillante, et constituent le premier pas de la perte d'autonomie. La création de groupes de parole pour aider au passage des caps difficiles (veuvage...) et des crises identitaires devrait aussi être encouragée. Des « soutiens plus formels » pourraient être apportés aux « réseaux informels » comme les clubs de lecture, les systèmes de covoiturage ou d'accompagnement pédestre. Plus globalement, il devrait être « possible de développer une dimension moins strictement individuelle aux interventions de services ».
(1) « Etude exploratoire sur les solidarités de proximité en direction des personnes âgées » - Fondation de France : 40, avenue Hoche - 75008 Paris - Tél. 01 44 21 31 00.