Les opérations Ville Vie Vacances s'inscrivent dans le travail de prévention générale que la municipalité mène depuis des années en partenariat avec le club de prévention, le chef de projet ville, les associations, les services sociaux. Le dispositif fonctionne bien grâce à la mobilisation des institutions locales, même si nous aimerions que leurs représentants viennent davantage sur le terrain voir ce que nous faisons.
On nous demande d'aller chercher les jeunes les plus éloignés, ceux qui ne fréquentent pas les structures de l'action sociale. Mais nous essayons de ne faire aucune ségrégation et de mixer tous les publics, les garçons et les filles - ce qu'elles acceptent difficilement après 14 ans - , et les quartiers. Ainsi un groupe de jeunes s'est préparé pendant un an et a participé en 1993 au marathon de New York, un autre à un stage d'une semaine de parachutisme - une expérience extraordinaire ! -, un autre encore a passé 27 jours en mer pour une course à la voile avec l'école des Glénans lors de « la croisière des villes ». Certains d'entre eux ont pu ensuite préparer le BAFA option voile... J'essaie d'aller au bout de leur rêves et de les aider, à travers un projet que nous construisons ensemble, à devenir autonomes. Cela suppose que je sois partie prenante des activités et que je partage ce qu'ils ressentent.
Nous sentons de plus en plus ce repli des jeunes sur le quartier. Il faut donc briser cet enfermement et les intégrer à la vie de la cité pour qu'ils deviennent acteurs et non pas simples consommateurs de loisirs. C'est ainsi que certains de ces jeunes sont membres de la commission départementale d'accès à la citoyenneté. D'autres ont été recrutés dans le cadre des emplois-jeunes comme agents d'ambiance dans les bus. L'un d'eux est même devenu délégué du médiateur de la République, un autre encore maire adjoint chargé du sport... Il faut donner à ces jeunes, qui posent problème, les moyens de s'exprimer et d'exploiter leurs ressources.
Je suis arrivé du Maroc à 20 ans et j'ai démarré en 1988 comme éducateur sportif à La Verrière, considérée comme une ville sensible. J'ai découvert la réalité des quartiers et il a fallu que je m'intègre. Mais j'ai rencontré des jeunes extraordinaires pour peu qu'on les écoute et qu'on leur fasse confiance. Par exemple, en 1992, un groupe de jeunes a demandé à avoir en accès libre le gymnase pour pratiquer des activités sportives, le samedi et le dimanche. Nous avons fait l'essai pendant un an, puis ils ont créé leur association sportive qui accueille différents publics.
Oui, c'est un élément très important :nous travaillons beaucoup avec elles, ce qui permet de prendre en compte la culture d'origine des jeunes et leur histoire personnelle. Il n'est pas question d'emmener un jeune dans le cadre d'un séjour si son père y est opposé. Certains parents nous appellent régulièrement, des relations de confiance se sont instaurées. Les familles et les jeunes sont d'ailleurs mis à contribution pour le financement de certaines actions : par exemple, la vente de croissants, l'organisation de soirées...
Le problème c'est la lourdeur administrative liée au montage des dossiers. On ne peut pas en même temps monter les dossiers et suivre les actions sur le terrain. Pourquoi ne pas envisager un seul formulaire ? Propos recueillis par Isabelle Sarazin
(1) Sur le bilan des 20 ans, voir.
(2) Mairie de la Verrière : BP 21 - 78321 La Verrière.