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La réduction des risques, oubliée par les sénateurs

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L'Association nationale des intervenants en toxicomanie  (ANIT)   (1) et l'Association des structures publiques de soins aux toxicomanes  (ASPST) jugent lacunaires les propositions de la commission d'enquête du Sénat relative à la lutte contre les drogues illicites (2), qui pourraient inspirer le gouvernement pour redéfinir sa politique en la matière. « La réduction des risques n'est pas mentionnée dans les préconisations du rapport, alors qu'on connaît son rôle essentiel tant dans la prévention des complications des toxicomanies que de l'accès aux soins des plus exclus », déclarent-elles dans un communiqué commun. En partie rassurées par les annonces de Didier Jayle, directeur de la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT), selon qui la réduction des risques « sera un axe fort du plan d'action gouvernemental »   (3), elles attendent que le plan quinquennal de lutte contre la toxicomanie, actuellement en cours de finalisation, précise clairement les positions officielles. « Car pendant que les contours de la réduction des risques ne sont pas clairement définis, la justice tranche : des acteurs de terrain, pourtant longtemps soutenus par les politiques publiques, se trouvent aujourd'hui devant les tribunaux », précise François Hervé, président de l'ANIT, évoquant le cas du président de l'association Techno +, poursuivi pour « incitation à la consommation ».

Si les associations se félicitent toutefois de voir que les sénateurs font une priorité de la prévention, elles auraient souhaité que celle-ci concerne également les drogues licites. Elles déplorent qu'elle repose « essentiellement sur une information quant aux sanctions pénales et disciplinaires encourues, sans que jamais la promotion de la santé apparaisse comme le fondement de la prévention »

L'ANIT et l'ASPT ne manquent pas non plus de dénoncer la proposition de créer des « centres fermés » pouvant accueillir des usagers contraints à un traitement. « Nous avons en France l'expérience de la toxicité de l'enfermement et des soins sous contrainte pour usage de drogues : cela a conduit aux dérives sectaires d'une association maintenant disparue. La nocivité de l'enfermement des usagers au seul titre de leur usage de drogues n'est plus à démontrer », expliquent-elles. Cette proposition semble pour les associations « masquer l'absence quantitative de réponses adaptées, 20 % des places d'hébergement en centres thérapeutiques résidentiels ayant été fermées ces cinq dernières années ». Approuvant la suggestion sénatoriale de développer ces dispositifs, elles estiment qu'il faudrait 1 000 places dans ces centres d'hébergement collectif en post-cure, soit deux fois plus que le nombre actuel. « Nous ne nions pas qu'il fallait fermer certaines structures dont le dysfonctionnement a été avéré, souligne François Hervé. Mais nous voulions qu'à une place fermée corresponde une place ouverte. Or le choix a été fait de développer des structures plus légères, avec moins d'encadrement, et ne répondant pas aux besoins des publics les plus en difficulté. »

Les associations s'étonnent également du manque de préconisations sur les moyens à allouer à la politique de lutte contre les drogues, « quand aujourd'hui les professionnels, en particulier sur certains dispositifs de prévention, de réduction des risques et de soins, se battent au quotidien pour ne pas disparaître ». Elles se préparent à présenter à la MILDT leurs propres recommandations pour la rénovation de la loi de 1970. « Il faut plus qu'un replâtrage, la logique même de la loi doit être questionnée, affirme François Hervé . Mais nous doutons de la place laissée à la concertation, une première mouture du projet devant être présentée très rapidement, avant le 15 septembre. »

Notes

(1)  ANIT : 28, chemin des Moulins - 69230 Saint- Genis-Laval - Tél. 04 78 50 78 50.

(2)  Voir ASH n° 2314 du 6-06-03.

(3)  Voir ASH n° 2313 du 30-05-03.

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