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Menaces sur la réinsertion des détenus

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Le gel des crédits de la formation professionnelle affecte de plein fouet l'insertion et la préparation à la sortie des détenus. Des restrictions qui interviennent dans un contexte de surpopulation carcérale.

Les détenus risquent bien de grossir les rangs des victimes des restrictions budgétaires à côté des demandeurs d'asile, des mal-logés, des prostitués... Dans une instruction du 14 mai 2003, la délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle (DGEFP) a demandé à ses services déconcentrés d'utiliser la première délégation de crédits reçue en 2003 pour solder les actions engagées en 2002 pour toutes les lignes concernant l'emploi, l'insertion et la formation professionnelle. L'ensemble du programme Insertion, réinsertion, lutte contre l'illettrisme (IRILL), qui comprend un volet formation des détenus, est particulièrement affecté par ce gel puisque les reports de crédits 2002 représentent 40 % de sa dotation annuelle (17 millions d'euros par an ), indique-t-on à la DGEFP. Comme les directions régionales n'ont reçu que 50 % de la dotation, il ne leur en reste en moyenne que 10 % pour financer des actions nouvelles. Quant au solde, on ignore quand - et si - il sera versé.

Premiers à se mobiliser, les formateurs du GRETA de Marseille. Les 24 et 30 juin, une quinzaine d'entre eux ont manifesté devant les Baumettes (1 700 détenus). Selon eux, 200 prisonniers vont être privés de formation et 15 emplois de formateurs supprimés. Parmi les formations interrompues, certaines portent sur l'apprentissage de métiers (électricité, maçonnerie, informatique, chantiers-école), d'autres concernent la formation générale (cours de langue française, café philo, journal des détenus). « Depuis le 1 er juillet, la formation des détenus est complètement arrêtée », confirme Claudine Lambert, chef du département insertion et probation à la direction régionale des services pénitentiaires de Marseille. Le programme IRILL (922 474 € auquel s'ajoutaient 493 871 € du Fonds social européen pour 2003) est au point mort, faute de crédits. Huit des 15 établissements pénitentiaires de la région dont les formations sont gérées par l'Etat (1) sont touchés.

« La situation est dramatique », juge Corinne Barbarat, chef d'unité de la formation professionnelle des détenus à la direction régionale des services pénitentiaires de Paris. « Nous ne savons pas quelle sera la hauteur du gel de crédits pour la poursuite du programme IRILL (947 000 € pour l'Ile-de-France pour 2003) qui n'a été financé jusqu'ici qu'à 50 %. » Des restrictions d'autant plus mal accueillies que le blocage de 50 % des crédits du Fasild a déjà affecté les actions d'alphabétisation et de français langue étrangère menées auprès des détenus. « Des organismes de formation sont en train de se désengager. D'autres ont carrément stoppé leurs actions et attendent de savoir s'ils seront payés », précise Corinne Barbarat. A la direction régionale, on est également très inquiet pour la région Centre (pilotée administrativement par Paris) puisque le programme IRILL est intégré, à titre expérimental et pour trois ans, à celui d'accès à l'emploi géré par chaque direction départementale de l'emploi et de la formation professionnelle. A charge pour chacune de définir si les détenus figurent parmi les publics prioritaires... « L'administration pénitentiaire ne peut plus assurer sa mission de réinsertion », déplore Corinne Barbarat. « La formation professionnelle est pourtant un vecteur fondamental pour l'insertion et la préparation à la sortie », défend Claude Charamathieu, membre du Syndicat national de l'ensemble des personnels de l'administration pénitentaire (Snepap) -FSU et adjoint du directeur du service pénitentiaire d'insertion et de probation du Val-de-Marne. Lequel est très inquiet pour le plan de formation élaboré à la maison d'arrêt de Fresnes. «  Certaines des actions n'ont pas pu démarrer. D'autres comme la lutte contre l'illettrisme vont s'interrompre.  » Au Snepap-FSU et à la CGT Pénitentiaire, on se dit choqué par ces mesures d'exclusion. Comment comprendre que l'on diminue les chances de réinsertion des détenus alors que le cap des 60 000 (60 513 au 1er juin) vient pour la première fois d'être dépassé dans les prisons françaises ? Isabelle Sarazin

Notes

(1)  Les établissements en gestion déléguée ne sont pas concernés.

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